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MASAPALOMAS : un GRAND film sur un sénior gay

Critique du film MASPALOMAS d’Aitor Arregi et Jose Mari Goenaga. Portrait fort et émouvant d’un sénior gay.

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Une retraite ensoleillée à Maspalomas bousculée par la réalité

Vicente (José Ramón Soroiz), senior gay, vit depuis 25 ans aux îles Canaries, à Maspalomas. Il y mène une retraite assez paisible et ensoleillée. Ayant rompu il n’y a pas si longtemps avec son dernier compagnon, il prend ce que la vie de célibataire a à lui offrir. Pour un homme gay âgé, naviguer dans la scène clubbing et cruising n’est pas toujours évident : on n’attire plus forcément les regards, on doit composer avec le rejet, la sensation d’être là tout en étant un peu dans l’ombre. Subsiste l’amitié et quelques belles surprises.

De la liberté des Canaries à la maison de repos

La fête et le plaisir s’interrompent brutalement quand lors d’une soirée Vicente fait un AVC. Il se retrouve rapatrié à Donostia où sa fille, avec laquelle il n’avait presque plus de contact depuis de nombreuses années, a pris la décision de le placer dans une maison de repos. Passer de la vie archi gay à Maspalomas à ce type d’établissement débordant de personnes âgées parfois dans des états très critiques peut donner l’impression de se retrouver emprisonner.

Un homme confronté à la maladie, au passé et à la perte de liberté

La vie est ainsi faite : le drame et la maladie peuvent toujours frapper par surprise et quand ça vous tombe dessus, vous avez l’impression que soudain tout s’arrête. Pour Vicente, qui est physiquement très diminué, c’est un énorme coup de massue. Il se retrouve malgré lui privé de sa liberté. Une liberté qu’il s’était autorisé à prendre, on le devine dans une certaine douleur, des décennies plus tôt en faisant tardivement son coming out, laissant sa femme et sa fille pour s’autoriser à vivre sa vie. Désormais, c’est le retour à la case du monde des hétéros, agrémentée des règles strictes d’un établissement de santé et avec les contraintes d’un état de santé hautement fragilisé.

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Un secret ravivé et une identité mise en veille

Sonné, affecté, Vicente fait le choix de ne pas parler de son homosexualité aux autres résidents du centre, se disant que de toute façon au point où il en est il n’a plus grand chose à vivre de ce côté-là. Il va ainsi prendre ses distances avec l’infirmier qui lui est attitré, un charmant gay qui lui avait pourtant témoigné beaucoup d’affection.

Un bilan de vie entre peur de la fin et possible renaissance

Ce placement en maison de repos va amener cet homme qui redoute d’être soudain vers la fin de vie de faire le point sur son existence, d’affronter son passé et qui sait peut-être se relever…

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Un drame puissant sur le vieillissement et l’homosexualité

Le duo de réalisateurs Aitor Arregi et Jose Mari Goenaga frappent un grand coup avec ce drame hyper sensible et hautement universel. Maspalomas traite de sujets encore trop rares sur le grand écran et essentiels. Porté par la magnifique et bouleversante interprétation du comédien José Ramón Soroiz, ce long-métrage touche à des choses très intimes, fortes, profondes.

Une rupture de ton à l’image des coups du sort de la vie

Après avoir abordé frontalement la question du vieillissement au sein d’un certain milieu gay festif et débridé, le film opte pour une rupture de ton radicale aussi imprévisible que la vie elle-même. Le spectateur se prend en pleine poire ce coup du sort et partage la douleur et fébrilité du personnage principal. Est-ce que tout va s’arrêter ? Est-ce la fin ? Vicente ne pourra-t-il plus jamais retrouver sa liberté ?

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Une réflexion juste sur la dépendance, les institutions et la solidarité

Ce récit extrêmement juste matérialise parfaitement à l’écran cette sensation douloureuse d’être hospitalisé ou placé en maison / centre. Quand la santé nous lâche, la liberté devient mirage. On se retrouve avec les autres ou des institutions qui régissent notre quotidien. On ne peut souvent plus avoir le choix. On essaie de s’accrocher au peu qu’il reste. Et il reste bien des choses dans cette maison de repos où on trouve des pensionnaires encore pleins d’énergie et de vie. Comme le sympathique « colocataire » de chambre de Vicente, le charismatique Xanti avec lequel va se construire une très touchante histoire d’amitié. C’est en partie parce qu’il n’a pas envie de perturber Xanti que Vicente va cacher son homosexualité.

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Identité, famille et réconciliation tardive

De façon très délicate, et avec une criante humanité, Maspalomas sonde le rapport à l’identité, l’homosexualité de celles et ceux qui ont grandi à des époques où il n’était pas évident d’assumer. Pour Vicente, il y a comme une impression de « retour à la case départ » mais cela va finalement lui permettre de regarder en face beaucoup de choses qu’il avait pu fuir. Et de crever l’abcès avec sa fille. Leur relation conflictuelle va petit à petit se dénouer.

D’une folle densité, touchant droit au coeur, ce long-métrage important laisse une très grande trace et devient instantanément un indispensable.

Film produit en 2025 et présenté au Festival Chéries Chéris 2025.

Bande-annonce

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