BOOTS saison 1 : un jeune gay découvre l’armée
Critique de la saison 1 de la série Boots
Critique de la saison 1 de la série Boots qui suit un jeune gay timide et fragile qui décide de s’endurcir en s’engageant avec son meilleur ami dans un centre d’entraînement pour devenir un Marine.
Une adaptation de The Pink Marine
Le récit de cette série qui nous replonge dans l’armée des années 1990 est une adaptation d’un livre, The Pink Marine, de Greg Cope White. On suit Cameron Cope (Miles Heizer, tout mignon), un jeune gay qui est fréquemment la risée de ses camarades et victime d’attaques homophobes. Ayant été élevé seul par une mère relativement absente et trop centrée sur elle-même (Vera Farmiga), il songe à s’endurcir et essayer de changer le cours de sa vie. Quand son seul et meilleur ami Ray (Liam Oh) s’apprête à rejoindre les Marines via un camp d’entraînement, Cameron se met en tête de le suivre. Il a bien conscience qu’à cette époque-là être gay dans l’univers de l’armée n’est pas possible : l’homosexualité y était tout simplement interdite. Il décide alors de cacher son orientation.

Plongée dans le « Boot Camp »
Propulsé au « Boot Camp », Cameron découvre un nouveau monde ultra masculin, codé et ritualisé. Tout est fait pour formater les jeunes recrues, les rendre aveuglément loyales, les endurcir. Les épreuves se succèdent, la discipline est très stricte, l’entraînement sportif particulièrement rude et repoussant les limites. Il faut tenir physiquement et surtout mentalement. Frêle et sensible, Cameron détonne et a rapidement peur d’avoir fait une grosse erreur. Il peut heureusement compter sur son meilleur ami qui est toujours là pour le soutenir et l’épauler. Mais les choses se corsent quand il se retrouve dans le viseur du Sergent Sullivan (Max Parker). On devine rapidement que Sullivan cache lui aussi son homosexualité et qu’il se retrouve dans Cameron qui lui évoque ses propres débuts. Conscient de l’extrême difficulté d’être gay chez les Marines, il est déterminé à l’endurcir et ne va lui faire aucun cadeau. Il va ainsi faire en sorte de casser son binôme avec Ray.

Un portrait dur mais réaliste de l’armée
La série suit tout le processus de l’entraînement, de l’intensité des premiers jours à la ligne d’arrivée où les recrues pourront devenir des Marines. D’un point de vue narratif, on navigue entre le quotidien au camp d’entraînement, l’enfance de certains personnages et ce qui les a poussés à vouloir s’engager et aussi le passé du Sergent Sullivan. C’est une portrait dur mais réaliste de l’armée qui est fait, montrant toute l’homophobie qui a été mise en place sans état d’âmes. On découvre la trajectoire déchirante de Sullivan, privé de sa grande histoire d’amour, poussé à prendre des décisions terribles, à se renier lui-même. Malgré les discriminations et la violence du quotidien, il y a pourtant quelque chose qui le pousse, tout comme les recrues, à vouloir rester.

Entre atrocité et beauté de l’unité
Boots n’est pas une fiction manichéenne dans le sens où elle montre l’atrocité mais aussi la beauté de l’univers où ses personnages évoluent. Au-delà d’un certain patriotisme, ils ont surtout tous en commun une sorte de quête d’absolu, le fait d’être des personnes qui veulent prouver ou se prouver des choses, trouver du sens, une mission voire une nouvelle famille. Et l’armée propose cela : au-delà des affinités et des adversités, les recrues deviennent des « frères », finissent par avoir un fort sentiment d’appartenance, se sentent reliées à quelque chose plus fort que tout et pour laquelle ils sont prêts à bien des sacrifices personnels. Ainsi, si Cameron va bien morfler et passer un peu par tous les états, il va goûter à une camaraderie virile qui va le happer tout en ayant l’impression de devenir une version plus forte de lui-même.

Une écriture sensible et nuancée
La grande qualité de la série est indiscutablement son écriture qui est à la fois sensible, critique et qui laisse aussi de la place à un certain second degré. Si les personnages gays de Cameron et de Sullivan sont centraux, Boots dresse une multitude de portraits de personnages secondaires chacun attachant à leur façon. Elle évoque aussi à travers le personnage du Capitaine féminin Farjado (excellente Ana Ayora) l’espoir de faire bouger les codes, la trajectoire complexe des femmes dans cet univers viriliste.
Entre attachement et lucidité
Le spectateur se sent un peu toujours entre deux feux : entre l’attachement à cet univers où des liens forts se forment et le lavage de cerveau qui est à l’oeuvre vis à vis de recrues vulnérables qu’on va mine de rien potentiellement transformer en chair à canon.
À voir sur Netflix
Série sortie en Octobre 2026 sur Netflix
