BOY CULTURE : Génération X de Q. Allan Brocka 

By Gaspard Granaud | 19 décembre 2024

Sorti en 2007 sous forme de série et de film, Boy Culture avait marqué les amateurs de productions gays indépendantes par ses personnages attachants, avec en tête les personnages de X. et d’Andrew, incarnés par les très sexy Derek Magyar et Darryl Stephens. Ayant acquis un petit statut de culte, Boy culture a eu droit plus de 10 ans plus tard à une suite, Boy Culture : Génération X. L’occasion de retrouver les deux personnages principaux. De quoi ravir les fans de la première heure et attirer un nouveau public (l’ensemble pouvant très bien se regarder sans avoir vu le premier volet – qui est dispo sur Queerscreen). 

Nous retrouvons X (Derek Magyar), joli escort qui se retrouve malgré lui –  le temps filant à toute vitesse – dans la catégorie des daddies. Comme pour tout métier, il doit s’adapter aux changements (nouvelles technologies, changement des codes) pour monnayer ses charmes. Les tarifs ont tendance à baisser alors que le travail du sexe se banalise, les clients demandent de plus en plus de photos et de vidéos, la concurrence est rude avec une jeune génération qui sait user des réseaux sociaux pour alpaguer la clientèle… A travers ce personnage très attachant, le spectateur peut observer l’écart qui existe entre la jeune génération et celle des quadras. Cela est accentué par la relation amicale que X a tissé avec Chayce (Jason Caceres), un minet gay qui n’a pas froid aux yeux et qui va l’entrainer dans tout un tas de plans plus ou moins fiables. 

Comme c’était le cas dans le premier film Boy Culture, le réalisateur Q. Allan Brocka dresse un portrait nuancé et étonamment tendre et profond de la vie d’escort. On assiste à un joli mélange de situations improbables très drôles, d’instants de solitudes, d’échanges sans complexes et aussi et surtout de connexions humaines. Car, ça n’est pas nouveau, outre l’aspect charnel, les escorts viennent souvent aussi combler un manque affectif, une homosexualité vécue parfois de façon compliquée, une sexualité pas franchement assumée. 

Que ce soit avec des hommes déjà en couple, des femmes lesbiennes curieuses, un Youtubeur célèbre ou un homme mature geek, les rencontres s’enchaînent et ont toujours quelque chose à raconter. Et si la réalisation reste classique, l’ensemble est assez bien écrit, attachant et généreux pour nous rendre complètement accro à ces histoires bien plus universelles qu’elles n’en ont l’air. 

Si X est comme toujours au premier plan et qu’on se régale en suivant ses mésaventures sexy et/ou hautes en couleurs, on retrouve aussi le personnage d’Andrew joué par le très beau Darryl Stephens (qui peut se targuer d’avoir été l’un des premiers acteurs gays noirs out et une véritable icône à un moment où c’était loin d’être monnaie courante). Ce nouveau chapitre montre X et Andrew en colocation après avoir rompu malgré des sentiments qu’on devine encore persistants. L’occasion d’aborder de façon juste et émouvante la complexité d’avoir une vie sentimentale quand on est escort. 

A la fois portrait sans jugement, rieur (en étant constamment bienveillant) et captivant du quotidien d’un escort, plongée dans des relations gays qui n’ont de cesse de se réinventer, d’une solitude persistante et d’une sexualité qui permet de s’évader et se lier, Boy Culture : Generation X est une petite pépite débordant de charme et de sensibilité. Une fois de plus, Derek Magyar est assez génial dans le premier rôle, parvenant à être à la fois magnétique, drôle et touchant. De quoi donner envie d’une suite (qui est visiblement envisagée). 

Film produit en 2021 et disponible sur la plateforme de Films LGBT Queerscreen / 1 mois offert avec le code promo POPANDFILMS , en partenariat avec Queerscreen (pour ceux qui ne sont pas encore abonnés) ou en cliquant via ce lien