FICTIONS LGBT

BRILLER MA FLAMME (Luz) de Jon Garcia : l’amour qui libère

By  | 

Jon Garcia, réalisateur de la très attachante saga gay Confessions nous emporte dans une romance en milieu carcéral avec Briller ma flamme (Luz en VO). Et c’est une belle surprise. 

Ruben (Ernesto Reyes) s’est laissé entrainer dans les combines de son cousin malfrat et suite à une mission qui a fortement dégénéré il se retrouve en prison. Si le fait d’être catapulté dans ce milieu difficile et violent s’annonce évidemment compliqué, ce qui taraude beaucoup Ruben c’est le fait d’être loin de sa petite fille qu’il élevait seul jusqu’alors. Il sait que son cousin veut sa peau et il redoute qu’il essaie de faire du mal à son enfant. Malheureusement son lien avec l’extérieur va être fortement limité. 

Si sa fille est présente dans toutes ses pensées, Ruben va devoir tenter de s’intégrer dans la prison et essayer de se faire respecter. Il va partager sa cellule avec Carlos (Jesse Tayeh), un bonhomme pas commode qui va l’accueillir de façon brutale. 

Les jours passant, Ruben va petit à petit réussir à. se faire sa place. Passé les premiers instants difficiles, il se rapproche de Carlos qui baisse la garde. Il comprend qu’en prison il n’est pas rare que les hommes couchent entre eux. Il va s’avérer que Ruben comme Carlos sont bisexuels. Une liaison va commencer… 

briller ma flamme film
briller ma flamme film
briller ma flamme film

D’emblée on comprend que l’on n’est pas devant un film à thématique gay lambda de plus : la mise en scène témoigne d’une réelle sensibilité, est soignée et les deux acteurs principaux sont beaux, ont des gueules de cinéma et s’appuient sur un jeu d’acteur solide. Tout comme la saga Confessions avait été une très belle surprise avec un point de départ casse-gueule, ce nouveau long-métrage de Jon Garcia séduit par ses nombreuses qualités et son écriture. Ne pas se fier donc à son terrible titre français. 

Le mieux est de se laisser embarquer et surprendre, les personnages se dévoilant progressivement et parvenant à toucher notre petit coeur. Le « film de prison » est devenu un genre en soi avec souvent à la clé de belles pépites (on pense au récent Great Freedom, magnifique, au très bon Le Prince et à la pépite indé Sous les verrous). Briller ma flamme fait partie du haut du panier, retranscrivant très bien à la fois la violence et la mélancolie qui peuvent régner dans l’univers carcéral. 

briller ma flamme film

On rentre un peu plus en profondeur dans le film donc si vous ne voulez pas trop vous faire spoiler restez-en là mais ce qui touche beaucoup ici c’est que l’on comprend que ce qui va se passer entre Ruben et Carlos n’est pas juste le besoin de répondre à des pulsions primitives. Il y a une forme d’amour qui s’esquisse. Sauf qu’après leur premier rapport, Ruben découvre que Carlos lui a caché que c’était son dernier jour en cellule. Ce qui va lui briser le coeur.  Le film fait ensuite un saut dans le temps, nous montrant Ruben à sa sortie de prison. On découvre qu’il n’a pas oublié Carlos et qu’il va chercher à le retrouver. La dernière partie du métrage tient sur un double dilemme : une véritable histoire d’amour est-elle possible entre les deux anciens détenus hors des murs de la prison ? Ruben va-t-il pouvoir récupérer sa fille ? 

Ce long-métrage bien ficelé joue sur plusieurs genres et atmosphères avec brio : film de prison, romance et thriller. Grands sentiments et suspense s’entremêlent (le personnage du cousin est vraiment flippant et ce jusqu’à la fin). Et au final, de la noirceur parfois extrême peut émerger la lumière. A découvrir. 

Film produit en 2020. Disponible en DVD aux éditions Optimale et sur la plateforme de Films LGBT Queerscreen 

Blog rédigé en solo par Gaspard Granaud. Avec la précieuse aide de Pierre pour la période avril-mai 2022, merci <3