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CABO NEGRO : le film d’Abdellah Taïa sur une jeunesse marocaine queer malmenée

Critique du film CABO NEGRO d’Abdellah Taïa. Un portrait très doux-amer sur une certaine jeunesse queer marocaine.

L’écrivain Abdellah Taïa revient au cinéma avec un nouveau long-métrage en tant que réalisateur, quelques années après L’armée du salut. Il signe ici une oeuvre formellement plus radicale qui derrière le charme de la jeunesse, les sourires et un cadre idyllique cache une violence de classe assez cinglante.

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Fausses vacances de rêve

Nous entrons dans le film en compagnie de Jaafar (Youness Beyej) et de Soundouss (Oumaima Barid), un garçon et une fille queer en provenance de Casablanca. Jaafar a été invité par un ami (qu’on devine amant) américain, Jonathan, à séjourner dans une luxueuse villa à Cabo Negro. De beaux jours s’annoncent et Jonathan doit les rejoindre. Sauf que l’ami américain tarde à arriver. Et qu’en son absence les deux jeunes sans le sou commencent à avoir du mal à subvenir à leurs besoins.

Vivant paradoxalement dans une résidence de rêve alors qu’ils n’ont rien, Jaafar et Soundouss se retrouvent à monnayer leurs charmes pour avoir de quoi manger. Commençant à redouter que Jonathan ne vienne finalement pas, les deux amis se retrouvent qui plus est menacés d’expulsion par le propriétaire de la villa…

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La jeunesse dont on profite

Sous un soleil radieux se dessine une certaine misère sociale et surtout le cynisme des adultes qui ont argent et pouvoir et qui ont très peu d’égards pour des jeunes qui n’ont que leur fraicheur pour survivre.

Le parti pris du réalisateur est de montrer par petites touches (évoquant le passé de Jaafar, les personnes que lui et Soundouss rencontrent), avec une certaine économie de dialogues, un monde d’adultes et de puissants qui sont souvent sans foi ni loi. Affichant une petite durée de 1h16, le film prend son temps, constituant une expérience à part, parfois exigeante, très douce, avec quelques jolis éclats poétiques. Le long-métrage s’envole quand se joint aux deux amis un jeune et bel inconnu de leur âge, joliment incarné par le suave Julian Compan.

Sortie au cinéma le 3 décembre 2025

Bande-annonce

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