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Eastsiders, critique de la saison 2

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Critique de la saison 2 de la web série gay Eastsiders. Disponible en VOD sur Viméo (en version originale non sous-titrée uniquement pour le moment). Les premiers épisodes de la saison 1 sont visibles en streaming gratuit ici.

On était tombés sous le charme de la première saison de Eastsiders, web série gay créée par Kit Williamson, l’un des seconds rôles de la série Mad Men. Il y avait toutefois une petite réserve : cette variation sur l’infidélité, aussi bien chez les homos que les hétéros, ressemblaient parfois un peu trop à une autre web série, la meilleure du genre : The Outs. C’est donc curieux que l’on a découvert la saison 2, cette fois accessible en VOD sur la plateforme Viméo. Eastsiders allait-elle trouver et affirmer son ton, son style ? Bonne nouvelle : la réponse est oui.

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Nous retrouvons Cal (Kit Williamson) et Thom (Van Hansis), vivant toujours à Silverlake (Los Angeles). Après le traumatisme causé par leurs infidélités, les deux garçons se sont remis ensemble et tentent désormais de s’aimer à leur façon. Ils s’essaient aux plans à 3 de façon ludique et parfois mélancolique, jusqu’à la déraison. Avec humour, sensibilité et une écriture extrêmement fine, Kit Williamson s’interroge sur le couple gay des années 2010. Peut-on encore prétendre s’aimer des années sans aller voir ailleurs maintenant que les applications de drague ont encore renforcé les tentations ? Dans Eastsiders, tous les personnages sont habités par un désir profond d’être en couple et d’aimer. Mais ils se heurtent tous à leurs paradoxes et leurs faiblesses.

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Outre l’attachant couple gay principal, de nombreux personnages secondaires continuent eux aussi d’être victimes de la confusion des sentiments. Des mamans lesbiennes qui n’ont pas couché ensemble depuis 6 mois commencent à sombrer dans la routine, l’une devient jalouse, l’autre la trompe avec un homme / Deux drag queens entament une relation mais l’un n’assume pas vraiment le show permanent de l’autre, de jour comme de nuit / L’adorable Jeremy (Matthew McKelligon), grand esseulé de la saison 1, passe ses journées à fumer des pétards et refuse de voir que son plan cul du moment est en train de tomber amoureux de lui / Ian, l’hétéro « trop gentil » aux yeux de sa copine, se laisse perdre entre deux femmes très différentes (l’une étant la soeur barrée de Cal, interprétée par la géniale Brianna Brown).

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Très sentimentale, Eastsiders est aussi et surtout très profonde. S’il n’est pas dénué de fantaisie et même de douce folie parfois, son regard est d’une sincérité renversante. Il n’a jamais été aussi facile de se rencontrer et pourtant on en arrive à la conclusion qu’il n’a aussi jamais été aussi compliqué de faire durer une relation. Jusqu’où peut-on pousser les compromis ? Faut-il vraiment parfois se demander si « ça en vaut la peine » ou plutôt écouter, coûte que coûte, ce que nous dicte notre coeur ? La réalisation est simple et élégante, les personnages beaux, les comédiens excellents. A la fois optimiste (Kit Williamson croit définitivement en la rédemption et en l’humanité profonde de chacun de ses protagonistes, même les plus toqués) et lucide (on peut parfois se sentir mal à l’aise ou empreint de spleen tant la série regarde droit dans les yeux les aléas universels du couple), Eastsiders fait l’effet d’une thérapie. Nécessaire et touchant.

Blog rédigé en solo par Gaspard Granaud. Avec la précieuse aide de Pierre pour la période avril-mai 2022, merci <3