ELMER LE REMUE-MENINGES (Brain Damage) : film d’horreur crypto gay culte ?
Critique du film Elmer le remue-méninges (Brain Damage)

Un film d’horreur culte avec une esthétique queer et des aspects crypto gays
Produit en 1988, ce film d’horreur détonne et marque, empreint d’une irrésistible folie. L’ouverture nous montre un couple âgé désespéré alors que vient de s’échapper de chez eux leur ami Elmer, une curieuse créature devenue indispensable à leur vie et qu’ils nourrissent avec… des cerveaux. Elmer s’est échappé et il a jeté son dévolu sur un nouvel ami potentiel : le jeune et joli Brian (Rick Herbst).
Brian est un garçon sans histoires, en coloc avec un ami bogosse. Il est en couple avec une fille de son âge à laquelle il n’a pas l’air de s’intéresser énormément. Ils devaient sortir dehors mais Brian ne se sent vraiment pas bien. Il va vite découvrir pourquoi : Elmer s’est attaqué à lui. Véritable parasite, Elmer est un petit monstre pas comme les autres. Il est d’un bleu étincelant et a une forme phallique. Il promet à Brian qu’il peut faire briller sa vie, la rendre exceptionnelle. Tout ce qu’il a à faire c’est l’écouter et l’emmener faire une balade dehors… Brian se laisse duper, c’est qu’Elmer a un petit truc pour le mettre sous emprise : il pénètre son cou et y insère un liquide bleu qui le fait planer.
Définitivement pas dans son état normal, Brian emmène Elmer en balade et découvre ce que son ami veut vraiment : se nourrir de cerveaux humains ! Evidemment flippé par ce qui se passe, Brian perd cependant le contrôle : plus Elmer mange, plus il peut lui donner ce liquide qui le fait se sentir bien dans sa peau, joyeux, désinhibé. Il va devenir de plus en plus accro et toute sa vie va partir en vrille…

Vintage et psychédélique
C’est vraiment le genre de cinéma d’horreur vintage qu’on aime. Ce Brain Damage est par moments complètement fou, psychédélique et franchement amusant. Il est aussi, il faut le dire, parfois bien gore et dégoûtant (on voit beaucoup de cerveaux – et le film risque de vous faire passer l’envie de manger des boulettes de viande pendant un moment -, quelques attaques d’Elmer sont particulièrement violentes). Le réalisateur Frank Henenlotter délivre ici une métaphore percutante sur l’addiction. Ou comment un jeune homme ordinaire se retrouve à devenir accro aux sensations procurées par son faux ami et basculant de plus en plus dans l’isolement et la folie. Elmer peut s’apparenter à un dealer, convaincant une âme innocente à essayer son produit, la dévorant peu à peu, lui faisant ressentir le manque quand elle n’est plus alimentée et l’amenant à faire le pire pour rester perchée.
Le sous-texte du film est sombre mais la mise en scène est étonnamment colorée. Il y a des plans vraiment chouettes, marquants voire poétiques (comme quand la chambre de Brian plonge dans le bleu).

Elmer, créature unique et troublante
Impossible bien sûr de ne pas mentionner Elmer qui est un monstre unique en son genre. Manipulateur, sadique, affamé de cervelles, il a une apparence à la fois phallique et pop, un côté cartoonesque (renforcé par sa voix si spéciale) qui le rendent constamment drôle et malsain.

Une lecture queer et crypto gay
Pour beaucoup, Brain Damage est considéré comme un film queer. Pour l’esthétique d’Elmer, pour sa mise en scène qui s’autorise l’homo-érotisme (Brian comme son joli colocataire sont filmés avec une vraie sensualité / un passage dans des douches met nez à nez Brian avec un homme musclé moustachu qu’on jurerait échappé d’un film gay vintage). Après tout, Brian a l’air de se ficher pas mal de sa copine et a l’air d’adorer se retourner pour qu’Elmer insère son liquide dans sa nuque…
Pour son côté zinzin et complètement à part, voilà un film à (re)découvrir d’urgence.
Film produit en 1988
