CINEMA
ET SOUDAIN, TOUT LE MONDE ME MANQUE de Jennifer Devoldere : drôle de famille
Après la très jolie comédie romantique Jusqu’à toi, Jennifer Devoldere s’essaie à la comédie familiale avec Et soudain, tout le monde me manque. Avec une nouvelle fois Mélanie Laurent en tête d’affiche.
Justine (Mélanie Laurent) travaille dans un cabinet où elle fait des radios. Se rêvant artiste, elle profite d’avoir accès au matériel pour faire les radios afin de développer un art original. La trentaine, un peu larguée, elle squatte le salon de sa soeur Dominique (Florence Loiret-Caille). La stabilité, pas trop son truc, surtout d’un point de vue sentimental : les ex, elle les accumule ! Et ce qu’elle ne sait pas, c’est que son père Eli (Michel Blanc) est resté en contact avec tous !
Pour le moins fantasque, le père de Justin et Dominique a toujours son mot à dire sur tout et suscite fréquemment le malaise. Avec Justine, l’atmosphère est souvent électrique : elle lui reproche d’avoir été trop absent, de ne penser qu’à lui, de rendre sa vie infernale. Mais s’ils ne cessent de se chamailler, l’amour est bien là et ça n’est pas un hasard si le paternel est resté proche de tous ses aspirants gendres : c’est certes un moyen pour lui de combler le manque d’un fils qu’il n’a jamais eu mais aussi et surtout une façon d’être plus proche de celle avec laquelle il peine tant à communiquer.
Alors que Justine tombe une nouvelle fois amoureuse d’un beau vendeur de chaussures et boxeur (Guillaume Gouix), en espérant que cette fois ce sera la bonne, tout se bouscule autour d’elle : sa soeur et son mari s’apprêtent à adopter et vont vouloir qu’elle parte de chez eux, son père est sur le point à 60 ans d’avoir un enfant avec sa nouvelle compagne…
La critique française n’a jamais été particulièrement tendre avec Jennifer Devoldere et c’est bien dommage. Après son beau premier long-métrage Jusqu’à toi, ce nouveau film a été accueilli assez sèchement alors qu’il méritait pourtant d’être soutenu. Car la réalisatrice propose mine de rien une comédie à la fois populaire, apte à toucher le plus grand nombre, tout en témoignant d’une mise en scène élégante et dévoilant des personnages attachants.
Et soudain, tout le monde me manque est vraiment drôle et amusant grâce à un Michel Blanc très en forme en papa très bizarre et envahissant. Ce qui s’apparente à priori comme une comédie familiale inoffensive et feel good va au final aller plus loin que ça, faisant avec sensibilité le portrait d’une jeune femme qui se cherche et ses relations compliquées avec les hommes et surtout son père. La dernière partie joue habilement la carte de l’émotion et permet ainsi de passer du rire aux yeux mouillés. Mélanie Laurent est une fois de plus belle et juste.
Liens familiaux compliqués, amour inconditionnel et pourtant parfois si mal communiqué, quête de soi, filiation : du beau cinéma français universel avec une touche pop craquante.
Film sorti en 2011 et disponible sur Netflix