INTERVIEWS POP

Harry Strange : interview avec notre nouveau chouchou pop !

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Cela fait maintenant plusieurs années que Harry Strange partage sur Internet son indie pop généreuse, romantique et sensible. Auteur de deux EP, Crying at the party (sorti en 2019) et Something, Hold on (sorti en 2020) ainsi que d’une flopée de singles accrocheurs, Harry a le chic pour nous toucher à chaque fois en plein coeur. 

Sans doute est-ce lié à la sincérité de son projet, son caractère intimiste, le fait qu’il parle beaucoup d’amour avec une forme de pureté qui finit par toucher à l’universel. Il y a une forme de simplicité dans sa musique qui sonne comme une évidence. Et bien évidemment il y a aussi sa voix, très belle, douce, qui fait ressortir toute sa sensibilité. Cerise sur le gateau : le garçon (qui est on ne peut plus charmant, ça ne vous aura pas échappé), est ouvertement gay et c’est amené assez subtilement dans les textes de ses chansons ou même sur la pochette (signée de l’artiste Marcus Rexford) de son dernier EP qui est à l’image de ses productions : faite avec pas grand chose mais parvenant à générer instantanément de l’émotion : 

Chez popandfilms le coup de coeur est venu un peu tardivement avec le single It will be alright et depuis c’est le grand amour. Car à la musique, Harry sait ajouter des clips qui débordent de charme et de tendresse, notamment sur les magnifiques Something to Hold on to et I like you

C’est avec joie que la section interviews pop de popandfilms s’ouvre donc avec ce chanteur adoré qui a accepté de répondre à quelques questions avec la sincérité et la gentillesse qui le caractérisent. 

harry strange interview

HARRY STRANGE, L’INTERVIEW 

Hello Harry, pour commencer peux-tu te présenter aux lecteurs de popandfilms ? 

Hello à tous. Mon nom est Harry Strange, j’ai 23 ans, je fais de la musique et je vis à Londres en ce moment. Je suis né et j’ai grandi dans la banlieue de Londres. J’étais parti étudié pendant trois ans à Bristol à l’Université pour un cursus artistique. C’était top, j’ai eu mon diplôme l’an dernier puis je suis revenu à Londres où je ne fais absolument rien en attendant que la pandémie disparaisse ! 

Peux-tu nous parler de ton rapport à la musique ? 

La musique a toujours fait partie de ma vie mais ça ne fait que quelques années que je l’envisage plus sérieusement avec l’espoir d’y construire une carrière. Je travaille encore sur une vision précise de mon projet mais j’ai l’impression qu’au fil du temps j’ai gagné en confiance en moi et dans ce que je fais. Ce qui m’importe, c’est de m’amuser et de produire des chansons et des contenus qui vont parler aux gens et peut-être aussi les aider à traverser certains moments de leur vie. 

Tu as sorti deux EP, Crying at the Party et Something, Hold on qui sont assez différents l’un de l’autre. Le premier est assez mélancolique et le second plus franchement pop avec de petites touches synthétiques. Est-ce plutôt cette seconde voie que tu entends poursuivre à l’avenir ? 

Les deux EPs sont clairement différents l’un de l’autre. Pour le premier je dirais que j’étais encore en train de me chercher. Quand j’ai réalisé Something, Hold on, j’étais plus âgé déjà mais surtout je pense que j’avais gagné en confiance en moi et dans ce que je pouvais écrire. J’ai eu envie de prendre plus de risques et d’essayer de nouvelles choses, d’explorer d’autres sonorités. 

L’amour est au centre de tes chansons. Est-ce que tu n’écris qu’à propos de choses vécues et personnelles ou c’est aussi parfois de l’ordre de l’imaginaire ? 

Pour moi c’est très important d’écrire sur des choses personnelles, c’est ce que je trouve le plus excitant. Rien n’est plus intense que de jouer lors d’un concert une chanson qui est douloureusement personnelle en face d’un public et c’est cette image que je garde en tête quand j’écris et compose. Evidemment les histoires et moments vécus sont quelque part toujours un peu transcendés pour en faire des chansons pop mais jusqu’ici tous mes morceaux sont basés sur des expériences vécues, personnelles et relatives à l’amour. Et quand je parle d’amour j’entends l’amour au sens large, celui que l’on peut avoir aussi pour ses amis, sa famille, les personnes clés de notre existence. 

Il y a 3 morceaux de toi que popandfilms aime particulièrement : It will be alright, Something to hold on to et I like you. Peux-tu revenir sur ces 3 titres ? 

Ravi que ça vous ait plu ! Avec It will be alright je voulais vraiment exprimer l’idée que peu importe ce que la vie nous réserve comme galères, tant que l’on a des gens qui nous aiment autour de nous tout ira bien. Je voulais que cela transpire à travers la production et c’est pour ça que dans les arrangements et pour la voix j’ai mis l’accent sur l’aspect joyeux, expressif, authentique. 

Something to Hold on to était le tout premier morceau qu’on a écrit pour le second EP. L’idée de base pour cet EP était de suivre l’histoire d’une nuit particulière avec une personne particulière mais au fil de l’écriture on s’est rendu compte que c’était un peu trop contraignant. Ce morceau garde cette impulsion là et raconte ce moment où l’on rencontre quelqu’un en se disant que cela pourrait donner lieu à quelque chose de très beau. 

I like you est une chanson qui est venue à moi très vite, j’ai dû l’écrire en une heure. J’avais envie d’une lueur d’espoir, d’un morceau feel good avec une vibe acoustique, quelque chose de spontané avec des paroles exprimant une forme d’émotion assez directe. C’est peut-être pour tout ça qu’à ce jour c’est celle que je préfère. C’est aussi le premier morceau où j’ai utilisé un pronom pour l’être aimé qui levait le voile sur une partie de moi que je n’avais pas évoquée jusqu’alors dans ma musique. Dire que j’aimais les garçons a été un choix, un beau changement qui m’a rendu heureux et qui fait qu’aujourd’hui je me sens plus à l’aise artistiquement. 

Les clips de ces morceaux ont été réalisés avec le vidéaste Harry Blackley. Elles ont un caractère très intimiste. Peux-tu revenir sur leur conception ? 

Je me sens très chanceux de connaître Harry : il a un talent incroyable et il est toujours partant pour suivre mes idées même quand elles peuvent paraître stupides ou bizarres. On essaie de rester dans la forme la plus authentique possible et sans trop planifier les choses même si on se perfectionne un peu de point de vue-là ! 

Pour Something to hold on to j’aimais beaucoup l’idée toute simple de moi en train de courir, porté par l’énergie de l’amour. J’avoue avoir regretté d’avoir eu cette idée au moment du tournage car devoir courir en continu pour avoir la bonne prise s’est avéré être un enfer !

Pour le clip de I like you, je l’ai carrément réalisé moi-même, avec l’aide d’Harry, ce qui était définitivement un challenge. Dépassée la peur de cette première fois je me suis éclaté. Je voulais rester dans la lignée des précédentes vidéos avec quelque chose de simple et spontané, de laisser les choses se faire et voir ce qui allait arriver. Il faut dire aussi qu’on avait zéro budget donc je ne pouvais pas non plus partir sur des concepts farfelus. On a passé la journée à tourner des choses ici et là. C’était une belle et longue journée et je suis ravi de ce qui en est ressorti. 

Si la musique est ma passion première, l’aspect visuel est très important pour moi. 

Quand on écoute bien les paroles de tes chansons on finit par déceler que dans les relations sentimentales tu parles de garçons. Selon toi c’est plus simple aujourd’hui d’être un artiste pop ouvertement LGBTQ+ ? 

Je dirais que même si c’est clairement plus facile qu’avant d’être un artiste queer dans l’industrie musicale il reste encore pas mal de chemin à faire. En grandissant j’avais l’impression que jamais je ne pourrais devenir un artiste en raison de mon orientation sexuelle parce que j’avais si peu d’exemples, de représentations d’artistes LGBTQ+. 

Ça m’a beaucoup aidé personnellement de voir émerger ces dernières années plus d’artistes qui s’assument. Ça a rendu la chose beaucoup plus facile pour moi.

Y a-t-il d’autres artistes pop ouvertement LGBTQ+ dont tu apprécies le travail ? 

Un de mes groupes préférés est MUNA, ces filles sont une de mes grandes inspirations. Je les ai découvertes en concert il y a quelques années et l’énergie et l’atmosphère qu’elles véhiculent est incroyable.

Bien qu’il ne s’identifie pas comme gay j’aimerais quand même citer Gus Dapperton parce que j’admire sa faculté à jouer avec son apparence, porter et être tout ce qu’il veut sans étiquettes. Un peu à l’instar de Harry Styles, il désarticule l’idée que le féminin ne serait réservé qu’aux femmes et il le fait avec beaucoup de force. Je pense que c’est hyper important ce genre de messages de nos jours. 

On connait ta passion pour la musique mais aimes-tu aussi le cinéma ? Aurais-tu 3 coups de coeur ciné et ciné à thématique LGBT à nous partager ? 

J’ADORE LE CINÉMA ! J’ai même instauré un rendez-vous avec certains de mes followers où chaque mois on regarde un film ensemble. Dans mes coups de coeur je citerais 90’s de Jonah Hill, Waves de Trey Edward Shults et Premier contact de Denis Villeneuve. Je suis fan de films de science-fiction. Je ne sais pas pourquoi mais je suis absorbé par ce genre de films. Peut-être parce qu’ils nous rappellent à quel point nous sommes peu de choses. 

Pour les films à thématique LGBT, récemment j’ai regardé Jonas de Christophe Charrier. J’ai trouvé ça très fort, c’est un film qui m’est resté. Evidemment impossible de ne pas citer Call me by your name. Tout dans ce film est tellement incroyablement beau. Moonlight aussi est je trouve un film merveilleux. 

Peut-on s’attendre à de nouvelles choses venant de toi prochainement ? 

Je viens tout juste de sortir un nouveau single, Dream About, et d’autres chansons dont je suis très fier vont arriver vite. 

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harry strange interview

INTERVIEW IN ENGLISH 

Could you introduce yourself ? 

My name is Harry Strange and I am twenty-three year old musician currently living in London. I was born and grew up on the outskirts of London, very suburban, but I have just spent three years in Bristol at Uni doing their liberal arts programme. Had an incredible time but graduated last year and have now moved back into London where I have been doing absolutely nothing waiting for this pandemic to blow over !

Since when are you doing music and what is your vision, your hopes for your musical project ? 

Music has always been apart of my life for sure but only in the past few years have I really been taking it seriously and started to see it as a potential career path. I do believe I’m still working out my vision for the project but I think I’m getting more and more confident in myself and the music I’m putting out into the world. I just want to have fun and release music and content that people can relate to and maybe help them to manage things going on their life. 

You released in 2020 the EP « Something, Hold On ». If I’m not mistaken it is your second EP after « Crying at the party ». The two EPs are quite different : Crying at the party was more like melancholic pop and Something, Hold on is more frankly pop with synthetic touches. Is the second EP closer to what you want to fulfill with your music ? What was your idea for this project ?  

The two EP’s are different for sure! I was still very much finding my feet when I wrote the first EP and working out the sound I wanted. When it came to ‘Something, Hold On’ not only was I a bit older and more comfortable with myself, I think I also began to feel way more confident in my writing abilities. I found myself taking more risks and exploring new sounds.

Love is at the center of your songs. Do you write about personal stuff or sometimes it is pure imagination ?

I get most excited when a song is personal. Nothing is more intense than playing a song that is painfully personal live in front of people and I think I always try to keep that in mind when writing. Obviously stories and moments are embellished to help create a song, however, all my songs are from personal experiences of love, and I use that word very loosely as I write about friends, family and generally people who are involved in my life.

There are especially 3 songs you did that popandfilms absolutely love : It will be alright, Something to hold on to and I like you. For each one can you share with us what you wanted to express with each song, the intention, how each one was important for you ? 

Thank you! So glad you like them.

‘It Will Be Alright’ is very much grounded in the idea that no matter what life throws at you, as long as you have those people that you love around you, everything will be fine. I wanted the production to convey that and that’s why you get the more playful/expressive production elements and verbatim voice notes.

I think ‘Something to Hold on to’ was the first track we wrote for the second EP which we had originally planned to write following a singular evening with someone. As we continued to write, however, we found this concept being somewhat constricting. But this song almost kick starts this idea and follows that moment you meet someone and know it could be something amazing.

‘I Like You’ came about really quickly, writing the song in about an hour. I really wanted a light, feel good song grounded in acoustic instruments with incredibly honest and blunt lyrics. It’s probably my favourite song that I’ve got to my name for that reason. It is also the first song I’ve used pronouns in my music, opening up a side of me that I haven’t really discussed within my music project so this has also marked a big change and made me even more happy and comfortable in myself. 

The videos for these 3 songs were made by Harry Blackley. They have a very intimate touch. How did you work together on them, what did you want to express / show ? You also made yourself an original video for « I like you ». Can you say a few words about it ? 

I am very lucky to know Harry, he’s an incredible talent and always says yes to any stupid or weird idea I have. We try to keep the videos as authentic as possible and very often not much planning goes into them although we’re getting better at that part! The video for STHOT just seemed so fitting, I really wanted something simple but had a bunch of energy. I quickly regretted suggesting such an idea as running constantly trying to get the perfect take was a nightmare!! 

The video for ‘I Like You’ was definitely a challenge. It’s the first video I’ve properly self directed but once I got over that somewhat scary prospect it became really enjoyable. Similarly to the other videos, Harry and I didn’t plan too much as we really wanted to just see what happened and with zero budget it was tricky to really push the boat out with extravagant ideas. We just sent the day driving around and filming bits here and there. Was one long day but am so happy with how it came out.

If we listen well to the lyrics of your songs we can understand you talk about boys when it comes to your love affairs and relationships. Would you say it is easier today being gay and an artist ? 

It’s definitely easier today to be a confidently out, queer artist in the industry but I do think there’s still a long way to go. Growing up I didn’t think I would be able to be an artist because of my sexuality as there weren’t many LGBTQ+ artists out there, however, the queer community is ever expanding and becoming more prominent in the public eye and has made my journey of becoming comfortable as a gay artist so much easier.

Are there other queer artists that you love , who inspire you ? 

One of my favourite bands MUNA are a big inspiration. I saw them live a couple years back and the energy and the atmosphere they brought to their show was incredible. I also love Gus Dapperton, and although he isn’t a gay man himself, I really respect his way of wearing and appearing however he wants. Similarly to Harry Styles, the idea of femininity belong purely to one sex is thrown out the window and he just wears whatever he feels comfortable and confident in and I think that’s so important these days. 

Are you a movie fan ? Could you give us 3 names of movies that really moved you ? And 3 LGBT themed movies that moved you ? 

I LOVE FILMS. I currently have a movie night with some of my followers where we watch a movie each month. A few of favourite movies are ‘Mid90’s’, ‘Waves’ and Arrival, I absolutely love sci-fi films. I find a massive comfort in them for some weird reason. I just think it reminds us how insignificant we really are. In terms of LGBT films, I recently watched ‘Jonas’ which was really powerful and stuck with me. Obviously I can’t not mention ‘Call Me By Your Name’ everything in that film is bloody beautiful. Moonlight as well is a stunning film.

What can we expect from Harry Strange in the future ? 

I just released my new song, Dream about. Lots of things are currently in the works. I am so excited for what’s to come as I think I’ve really landed on a sound/vibe that I’m really proud of and excited to share. 

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Blog rédigé en solo par Gaspard Granaud. Avec la précieuse aide de Pierre pour la période avril-mai 2022, merci <3