CINEMA

JULIE (en 12 chapitres) de Joachim Trier : indécision

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Joachim Trier est un réalisateur que popandfilms aime beaucoup depuis son premier long-métrage Nouvelle Donne. Sa carrière a connu des hauts et des bas entre Oslo 31 août, Back Home et Thelma et on se réjouit de le retrouver au meilleur de sa forme avec Julie (en 12 chapitres), portrait intimiste et très juste d’une jeune trentenaire qui a bien du mal à se confronter à la notion de choix. 

Julie (Renate Reinvse) aurait pu faire médecine mais malgré ses excellentes notes elle a tout plaqué puis a plus tard décidé de devenir photographe. Puis elle s’est demandée si son truc n’était pas finalement l’écriture… Indécise, la jeune femme passe avec pas mal d’incertitudes de la vingtaine à la trentaine et dès qu’il faut faire des choix ou s’engager fermement c’est le vertige qui s’empare d’elle. 

Sa vie sentimentale semble plus stable : elle fait d’un amant régulier, Aksel (Anders Danielsen Lie), son amoureux et ils contruisent une relation forte et fusionnelle. Entre elle et ce dessinateur de BD, il y a comme un parfum d’évidence. Les années ont beau passer, ils ont beau vivre ensemble, ils ont toujours quelque chose à se dire, se comprennent, se complètent. Mais voilà qu’un soir Julie finit par croiser Elvind (Herbert Nordrum). Un jeu de séduction s’instaure, elle se jure de ne pas flancher, met des limites… Mais pour cette éternelle rêveuse, ce nouveau « et si ? » ne manque pas d’ébranler le peu de certitudes qu’elle avait. Elle commence à remettre en question sa relation avec Aksel… 

julie en 12 chapitres film

Distingué au Festival de Cannes 2021 par le prix d’interprétation donné à son actrice principale Renate Reinsve, Julie (en 12 chapitres) fait plaisir à voir car c’est un de ces films qui à l’instar de ceux qui pullulaient lors des années de la Nouvelle Vague se concentre avant tout sur l’intime, le personnel, le quotidien et ses détails, les atermoiements du coeur. Ceux qui aiment les films introspectifs sur les relations amoureuses et la quête de soi devraient sans mal y trouver leur compte. 

La mise en scène est jolie et s’autorise des artifices pop assez craquants mais c’est surtout l’écriture et un trio d’acteurs parfaits qui amènent le long-métrage vers des sommets d’émotion auxquels on ne s’attendait pas forcément. Joachim Trier n’hésite pas à montrer les travers (universels) de son héroïne qui ,on le devine, a tout bêtement peur de se tromper, de ne pas emprunter le bon chemin, de s’enfermer dans une case sans ne plus pouvoir s’en extirper. Quelque part, Julie aimerait être complètement libre et ne faire que ce qui lui chante (et c’est ce qu’elle finit souvent par faire) mais comme tout le monde elle a parfois juste envie de se poser, de ne plus se demander ce qu’elle fera le lendemain, savoir qu’elle peut compter sur quelqu’un, se sentir amoureuse et aimée. 

La relation entre Julie et Aksel (superbe Anders Danielsen Lie qui ne déçoit jamais) est filmée avec beaucoup de tendresse, de drôlerie. C’est un vrai beau couple dont on envie un peu la routine. Mais la routine Julie forcément au bout d’un moment cela lui pose un problème, surtout quand entre dans son champ de vision une alternative potentielle en la personne du sexy Elvind. La soirée de cette rencontre capte parfaitement la tentation de la passion, le côté sexy de l’interdit. L’éventualité d’un mirage est là mais il y a ce « et si ? » qui hante notre héroïne et qui va peu à peu contaminer son quotidien. 

julie en 12 chapitres film

Les années défilent et on suit l’évolution d’une femme qui n’a de cesse de remettre les choses fondamentales en question. Sauf que pendant que l’on se pose des questions le temps passe et parfois il ne fait pas de cadeaux… 

Avec simplicité, justesse, précision et beaucoup de sensibilité et de mordant, Julie (en 12 chapitres) capte quelque chose de l’air du temps, d’une génération de jeunes adultes paumés et de l’évolution naturelle et quelque part inéluctable des grands moments de l’existence. Sous ses allures pop et légères, un film bien plus grave et profond qu’il n’en a l’air. 

Film sorti au cinéma le 13 octobre 2021

Blog rédigé en solo par Gaspard Granaud. Avec la précieuse aide de Pierre pour la période avril-mai 2022, merci <3