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LES AMANTS DE SIBÉRIE de Viatcheslav Kopturevskiy : l’amour qui plombe

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Long-métrage de 77 minutes, Les amants de Sibérie (Siberia and Him) de Viatcheslav Kopturevskiy raconte l’amour impossible de deux hommes dans une Russie rurale. Une oeuvre dure et hélas trop plombante. 

Dès les premières minutes, le cadre est posé : un village de Russie isolé, les mouches qui s’incrustent partout, un homme (Dima) qui dit à un autre (Meek) au téléphone que leur histoire ne peut pas continuer. Meek essaie de se suicider mais se rate. 

On découvre plus tard que Meek, garçon de ferme, et Dima, policier, sont beaux-frères : Dima est l’époux de la soeur de Meek. Dans le coin paumé où ils vivent, il est tout bonnement impossible d’assumer un amour homosexuel. On assiste par ailleurs à une descente de Police dans un bar gay que l’on devine à moitié clandestin. 

Tentant de vivre séparés l’un de l’autre les deux amants vont être amenés à se retrouver alors que la grand-mère de Meek inquiète sa famille en ne donnant plus de nouvelles. Ce dernier, accompagné de Dima, est chargé d’aller en Sibérie pour aller vérifier que tout va bien. Ce voyage au coeur d’une Sibérie aux nombreux paysages idylliques et déserts, va permettre aux deux hommes de pouvoir retrouver leur complicité. Mais conscients que leur passion ne pourra jamais être vécue au grand jour, le mal être les dévore… 

les amants de sibérie film

Indéniablement vu le contexte à l’heure de l’écriture de ces lignes, faire ce film relève d’un courage certain. C’est d’ailleurs le grand intérêt de ce nouveau récit d’un amour maudit qui peut évoquer de loin Brokeback Mountain ou Seule la Terre. C’est une photographie, accablante et glaçante, de la situation désastreuse dans laquelle peuvent se retrouver des hommes gays sur ces terres isolées où des traditions les empêchent de respirer et d’aimer. 

Le sujet est indéniablement fort politiquement et ne laisse pas indifférent mais hélas d’un point de vue purement cinématographique Les amants de Sibérie se révèle assez pénible. Sans doute fidèle à la réalité, le film s’articule autour de deux personnages très taiseux et déprimés. Du début à la fin, l’oeuvre est complètement plombante, lente, grise. Le réalisateur tente quelques petites choses côté mise en scène mais le budget à l’évidence tout petit ne lui permet pas de briller particulièrement de ce côté. Surtout, ce qui fait défaut c’est l’écriture : les personnages ne sont pas suffisamment posés pour être attachants ce qui fait qu’on a parfois du mal à suivre ce qui se passe à l’écran. C’est très exigeant, aride et c’est typiquement le genre d’histoire sinistre qu’on a malheureusement pu voir tant de fois qu’on en arrive facilement à saturation quand, comme c’est le cas ici, la forme manque de souffle et le scénario d’épaisseur. 

Les seules bouffées d’air frais surviennent lors du voyage en Sibérie, coeur du film bien trop court qui a vite fait de laisser place à un retour du désespoir qui nous fait sortir du film avec un sentiment de tristesse. Dur et plombant même si sans doute nécessaire pour rappeler que tout cela existe encore dans notre monde. 

Film produit en 2019 et disponible en VOD 

Blog rédigé en solo par Gaspard Granaud. Avec la précieuse aide de Pierre pour la période avril-mai 2022, merci <3