FICTIONS LGBT

LEVI KARTER : DANS L’INTIMITÉ D’UNE PORN STAR de Jake Jaxson et Levi Karter

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Ceux qui suivent le label adulte Cockyboys connaissent bien Levi Karter qui s’est imposé dès ses débuts comme l’un des modèles phares du studio. Le réalisateur Jake Jaxson, big boss de Cockyboys, lui consacre un documentaire sobrement intitulé « Levi Karter : dans l’intimité d’une pornstar » (Leave it to Levi en VO) en ajoutant à de nombreuses vidéos filmées au quotidien par Levi Karter des interviews et moments clés pour lui ces dernières années.

Le métrage commence en reprenant le court-métrage « Fuck Yeah Levi Karter » qui avait été mis en ligne sur le site Cockyboys et l’élargit, donnant un portrait dense de ce petit gars sexy, toujours souriant et poli mais qui en a aussi bien bavé.

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C’est ce que l’on retient en premier lieu du film : derrière les apparences hot et fun du x gay, il y a des vrais drames personnels qui se jouent. Comme c’était le cas dans le film « Jonathan Agassi saved my life », la relation mère-fils est ici centrale. Levi, Luke de son vrai nom, est très proche de sa maman et son choix de travailler dans le business adulte n’a pas été facile à assumer pour elle. Vivant dans une petite bourgade de l’Ohio, la mère a été la cible de nombreux ragots quand les gens ont découvert ce que faisait son fils. Un scandale lourd à gérer au quotidien qui lui a à un moment donné envie de déménager. Même sa meilleure amie a failli lui tourner le dos.

Pour Levi, il est difficile de constater que ses choix personnels et professionnels ont des conséquences sur sa mère. Le documentaire montre les différentes phases de leur relation entre le déni, l’opposition et peu à peu l’acceptation. Ce qui a sans doute rassuré la maman, et c’est là que la trajectoire de Levi Karter se révèle très différente de celle de Jonathan Agassi, c’est que son fils a tourné pour Cockyboys et que les deux têtes pensantes de la boite, Jake Jaxson et RJ Sebastian, ont une approche très différente des autres producteurs de x. Conscients qu’ils travaillent avec de jeunes modèles parfois un peu perdus, ils veillent à recréer une sorte de cadre familial, un cocon et s’investissent beaucoup personnellement pour épauler leurs modèles exclusifs. Jake Jaxson a même rencontré la maman de Levi pour tenter d’apaiser les tensions quand elle ne pouvait accepter la carrière naissante de son fils.

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Si comme toujours avec Cockyboys on retrouve un discours très positif et doux sur les performers du sexe, voulant montrer qu’être performer peut être un choix, un geste artistique et peut être vécu dans la joie, le film évoque aussi de façon plus ou moins frontale la part obscure de ces métiers. La difficulté à trouver un compagnon qui accepte un travail mêlé au sexe, les fêtes et le monde de la nuit gay qui peuvent aspirer les âmes perdues, un rapport singulier à la sexualité qui peut parfois brouiller l’identité. On comprend que la maman s’inquiète car Levi n’a pas poursuivi ses études et ,s’il gagne bien sa vie en étant modèle, que se passera-t-il quand il ne sera plus un jeune éphèbe ? Ceux qui le suivent savent que peu à peu il s’est investi autrement qu’en tant que modèle chez Cockyboys et qu’il s’agit potentiellement là d’un avenir pour lui. Mais ces métiers sont difficiles, éphémères et ils vont de pair parfois (et c’est le cas pour Levi Karter) avec une grosse notoriété qui peut donner le vertige.

Sans jugement, « Levi Karter : dans l’intimité d’une Porn Star » montre le parcours d’un garçon qui choisit de suivre ses envies et parvient petit à petit à imposer ses choix. C’est un portrait attachant, plein d’amour et à terme lumineux que dresse Jake Jaxson comme une sorte de lettre d’amour à l’un de ses modèles les plus proches. On en apprend beaucoup sur lui : son enfance, le fait qu’il ait été adopté, ses amitiés avec certains partenaires de tournage (Ricky Roman et Liam Riley en tête), son rapport compliqué à la masculinité (plus jeune on l’a parfois moqué pour ses aspects efféminés), sa passion naissante pour les performances de drag queens. Les fans seront comblés et ceux qui ne le connaissent pas se laisseront facilement attraper par cette émancipation pas comme les autres d’un jeune gay et de sa relation avec sa mère passant de la douleur à la plus universelle des tendresses.

Film produit en 2019, disponible en DVD aux éditions Optimale et sur la plateforme de Films LGBT Queerscreen

 

Blog rédigé en solo par Gaspard Granaud. Avec la précieuse aide de Pierre pour la période avril-mai 2022, merci <3