CINEMA
L’HOMME QUI EN SAVAIT TROP de Alfred Hitchcock : peur en musique
Le docteur Benjamin McKenna (James Stewart), sa femme Jo (Doris Day) et leur enfant Hank (Christopher Olsen) partent en vacances à Marrakech. Alors qu’ils goûtent au folklore des environs, Benjamin et Jo font aussi et surtout la connaissance de différentes personnes. Tout d’abord un sympathique mais étrange français, Louis Bernard (Daniel Gélin) puis le couple de Monsieur et Madame Drayton, des touristes anglais très avenants. Quelque chose de louche se trame, Jo en est persuadée.
Un après midi, alors que la petite famille se balade avec les Drayton, Louis Bernard surgit de nulle part et tombe au sol : il vient d’être assassiné. Avant son dernier souffle, il murmure à l’oreille de McKenna une information de la plus haute importance : un ambassadeur anglais est sur le point d’être assassiné et pour éviter cela, il faut qu’il trouve « Ambrose Chappell ». Louis Bernard était étrange car il était un agent secret…Témoins de la mort du pauvre français, Benjamin et Jo doivent aller au poste. Ils laissent leur petit Hank entre les mains des Drayton. Sur place, le médecin reçoit un appel anonyme le prévenant que s’il transmet l’information, il arrivera un malheur à sa famille. Il se tait. En rentrant à l’hôtel, lui et Jo constatent que les Drayton et leur fils ont disparu. Les Drayton l’ont kidnappé et s’en servent comme moyen de chantage pour dissuader McKenna de ruiner leur plan machiavélique. De retour à Londres, le couple démuni travaille avec les services secrets et part à la recherche d’Ambrose Chappell, espérant sauver la peau de leur unique enfant…
L’homme qui en savait trop est le remake américain du film britannique du même nom réalisé par Hitchcock au début des années 1930. L’œuvre s’ouvre sur un orchestre et en particulier un coup de cymbale. La musique sera ici plus que jamais au service du suspense alors que le réalisateur semble rendre hommage au compositeur Bernard Hermann. On s’éloigne de l’atmosphère guindée de la salle de concert pour découvrir le couple McKenna à Marrakech. Le décalage entre les différentes cultures donne notamment lieu à une scène drôlissime dans un restaurant typique où Ben McKenna ne sait absolument pas se tenir. Les vacances vont vite être interrompues avec le meurtre inattendu de Louis Bernard (qu’on pouvait au départ soupçonner d’être le méchant) et l’enlèvement de Hank. Voir son petit garçon se faire kidnapper : probablement une des pires choses qui puisse arriver à des parents. De quoi décupler le suspense.
Rapidement, l’enjeu n’est pas tant de sauver la peau d’un ambassadeur que de récupérer vivant le bambin. Et voilà donc un couple ordinaire plongé dans une aventure ô combien dangereuse. S’il alterne habilement tensions et humour (scène improbable durant laquelle McKenna se rend chez un taxidermiste), le film souffre tout de même d’un rythme parfois un peu trop lent. On peine aussi un peu à s’attacher totalement au personnage lisse de Jo, campé par une Doris Day qui en fait parfois trop. Le grand intérêt du long-métrage reste sans aucun doute la déclaration d’amour à la musique.
Comme dit plus haut, la musique instaure, participe au suspense. Le film s’ouvre sur un concert dont on verra l’intégralité vers la fin du métrage. C’est durant le spectacle que l’ambassadeur va être visé par les malfrats. Une des scènes les plus tendues et réussies. Ce sera aussi grâce à la musique que le petit Hank pourra sauver sa peau, en sifflant le Que Sera, Sera que se plait tant à chantonner son ancienne star de mère… S’il n’est pas nécessairement au même niveau que ses grands chefs d’œuvres, L’homme qui en savait trop reste un thriller d’Alfred Hitchcock très bien ficelé et dépaysant.
Film sorti en 1956. Disponible en DVD