ONE SHOT SONG
Oliver Sim signe un chef d’oeuvre pop avec « Hideous »
On sort de ce clip les larmes aux yeux. Oliver Sim frappe un énorme coup avec son single et clip pour Hideous. A la réalisation on retrouve Yann Gonzalez déjà derrière son précédent clip Fruit.
Hideous est important à bien des égards. Déjà, musicalement, c’est une ballade pop absolument splendide, renversante de par l’émotion qu’elle procure sous forme de montée en puissance. Oliver Sim qui a été hautement popularisé par le projet pop phénomène The xx vole ici joliment de ses propres ailes, se renouvelant complètement et de façon très personnelle. C’est juste d’une beauté totale.
Et bien sûr visuellement c’est la claque alors que l’on suit les images de cette sorte de conte horrifique coloré qui nous montre une « Bête » qui ère dans les ténèbres, s’interdisant possiblement l’amour quitte à dépérir, trop rongée par ses démons, sa culpabilité, un rapport ambivalent à soi. A la fin du morceau et du clip, on comprend que ce qui ronge le héros c’est d’être séropositif. Une façon très originale, créative, puissante et forte pour l’artiste de révéler publiquement qu’il est séropositif depuis ses 17 ans.
Si on se réjouissait déjà d’avoir un artiste de grand talent comme Oliver Sim pour insuffler une bonne dose de queer dans l’indie pop internationale, cela fait un bien fou de voir un artiste se livrer sur cette partie de lui, de se libérer des chaines du silence de façon aussi poétique. Ce clip devient instantanément un temps fort de la Pop. Et comme si ça ne suffisait pas, après une déambulation cinématographique magnifiquement labyrinthique comme le réalisateur Yann Gonzalez sait en délivrer (on en prend plein les yeux du début à la fin du clip), dans la dernière partie s’invite l’icône pop gay Jimmy Somerville.
Oliver Sim a présenté sur sa chaine Youtube cette chanson très importante pour lui avec ces mots :
« Au début de l’enregistrement de mon disque, il est devenu évident que j’écrivais beaucoup sur la peur et la honte. Je peux imaginer que cela pourrait donner l’image d’un album sombre, aux allures de « malheur ». Mais ces dernières années, j’ai acquis la conviction que le meilleur antidote à ces sentiments est de les faire remonter à la surface et de les amener vers la lumière. La fierté et la célébration ont également été des outils inestimables pour moi, mais ils n’ont pas toujours fonctionné seuls. Je n’ai pas écrit pour m’appesantir mais plutôt pour me libérer d’une partie de cette honte et de cette peur que j’ai ressenties, c’est pourquoi je perçois cette musique comme joyeuse. Malgré certains thèmes, il y a de l’humour et de la joie, parce qu’écrire sur ce sujet a été tout le contraire de ce que la honte a été pour moi.
Aux deux tiers de l’écriture de mon album, j’avais une bonne idée de ce dont il s’agissait. J’ai réalisé que j’avais tourné autour du pot concernant une des choses qui m’a probablement causé le plus de peur et de honte. Ma séropositivité. Je vis avec ma séropositivité depuis l’âge de 17 ans et cela a joué sur la façon que j’avais de me voir et la perception que je supposais que les autres avaient de moi depuis cet âge jusqu’à ma vie d’adulte.
C’est donc de manière assez impulsive que j’ai écrit sur ce sujet pour Hideous et que j’ai choisi de diffuser cela dans le monde entier et d’en finir avec tout ça. J’ai fait écouter la chanson à ma mère, qui est la mère protectrice et sage qu’elle est. Elle m’a donné l’un des meilleurs conseils que j’ai jamais reçu. Elle m’a suggéré de passer du temps à avoir des conversations avec les gens qui me sont chers d’abord. Soit des personnes à qui je ne l’avais pas encore dit, soit des personnes à qui je l’avais dit mais qui n’avaient pas voulu en parler plus que ça auparavant. J’ai passé les deux dernières années à avoir ces conversations, ce qui était difficile et inconfortable au départ, mais qui m’a permis de me sentir beaucoup plus libre et renforcer ma relation avec moi-même et avec les personnes essentielles à ma vie.
L’une des relations les plus spéciales que j’ai nouées grâce à cela est celle avec M. Jimmy Somerville. Je savais que pour Hideous, je voulais qu’un ange gardien apparaisse dans la chanson et me chante les mots que j’avais besoin d’entendre. Non seulement Jimmy a été une voix puissante sur la thématique du VIH et du sida pendant des décennies, mais il parle littéralement comme un ange. Je l’ai contacté en tant que fanboy, mais je le considère maintenant comme un véritable ami. Il m’a encouragé à faire cette chanson pour moi-même plutôt que de me voir comme un martyr pour une cause. Il m’a appris que le glamour est un mot écossais et surtout, il m’a rappelé de ne pas me prendre trop au sérieux car ça n’apporte rien de bon !
« Suis-je hideux ? » Ce n’est plus une question que je pose au monde extérieur, mais plutôt une question que je me pose à moi-même. Aussi effrayant que cela puisse paraître, je suis heureux de partager cette musique avec vous et j’espère que vous l’apprécierez. Avec tout mon amour, Oliver xx«
Claque musicale et claque esthétique, Hideous appartient, tout comme Fruit, au court-métrage de 22 minutes de Yann Gonzalez (lui aussi nommé Hideous) qui vient d’être présenté et ovationné au Festival de Cannes 2022. Le premier album d’Oliver Sim, Hideous Bastard, sortira le 9 septembre.