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PLAINCLOTHES, un thriller gay intense avec Russell Tovey

Critique du film Plainclothes de Carmen Emmi avec Russell Tovey et Tom Blyth. Un thriller gay sensoriel qui ne laisse pas indifférent.

Un premier long-métrage marquant

Le réalisateur Carmen Emmi frappe fort pour son premier long-métrage PLAINCLOTHES (titre qui se réfère aux tenues de civil, quand les policiers ne portent pas leur uniforme). Et offre à Russell Tovey son meilleur rôle dans un film de cinéma.

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Courtesy of Sundance Institute | photo by Ethan Palmer

Un policier gay dans le placard dans les années 1990

L’intrigue se passe à la fin des années 1990 aux Etats-Unis (à Syracuse) et suit le personnage de Lucas (Tom Blyth, excellent), un jeune flic qui évolue dans un milieu masculiniste. On pousse les recrues à s’endurcir, se muscler et la masculinité toxique est clairement érigée en norme. On pousse aussi et surtout certains flics à mener des opérations dans des centre commerciaux où il s’agit de piéger des homosexuels se rencontrant dans les toilettes pour s’amuser en toute discrétion. Des policiers sont ainsi chargés de séduire des gays dans les toilettes et une fois que leur proie commencent à initier un début de rapport, ils les arrêtent. Lucas, par sa jeunesse et son charme, est choisi comme appât. Ses collègues ignorent que depuis un bon moment, le jeune homme refoule son homosexualité…

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La rencontre avec Andrew

Si jusqu’alors Lucas a toujours accepté à contrecoeur de se livrer à ce sordide manège, les choses vont basculer quand il va se retrouver à vouloir piéger Andrew (Russell Tovey), un très charmant daddy à lunettes. Contrairement aux autres hommes auxquels il avait été confronté par le passé, Andrew a l’air doux, bienveillant… et il lui plait beaucoup. Lucas va le laisser s’échapper et Andrew, qui est marié, va lui laisser discrètement son numéro en lui disant qu’il n’aura qu’à l’appeler, laisser quelques sonneries, et qu’il le recontactera ensuite. Lucas hésite puis finit par le contacter. Cette rencontre inattendue va amener le jeune homme dans le placard, plein de honte et de frustrations, à faire le point sur sa vie.

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Un thriller gay singulier

Mêlant très habilement film sur l’homophobie, le coming out et thriller particulièrement tendu, Plainclothes est une vraie claque à tous les niveaux. Déjà de par sa forme, singulière, reprenant une sorte d’effet VHS / vieux camescope pour matérialiser à l’écran les traumas et vertiges de son personnage principal très tourmenté. En tant que spectateur, on a l’impression de partir en plein trip, de plonger dans sa psyché aussi bien par ce dispositif esthétique très efficace et turbulent que grâce à un travail remarquable sur le son. Qu’on se le dise : dans ce petit coin des Etats-Unis à la fin des années 1990, il ne fait clairement pas bon être gay. Lucas a juste l’impression qu’il est impossible de s’assumer aussi bien auprès de ses collègues homophobes que de sa famille. L’homosexualité est subie comme une malédiction voire est relative à quelque chose de criminel.

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Un désir enfoui et des « daddy issues »

Tout bascule quand entre dans le champ le séduisant et plus expérimenté Andrew. Lucas va ressentir un profond désir mais aussi libérer des sentiments qu’il se refusait jusqu’alors. Après toute une jeune vie de frustration, vient l’heure de s’autoriser un moment de liberté, de vérité, de plaisir. Ce n’est pas un hasard si Andrew est l’objet de son désir : le film suggère très clairement des « daddy issues », un rapport à un père décédé qui manque cruellement. Lucas cherche une main tendue, un homme réconfortant, un papa doux et kinky pour faire son éducation sentimentale et charnelle. Mais Andrew sera-t-il le bon, lui qui est marié et ne se contente en général que de la pratique occasionnelle du cruising ? Nous sommes dans un thriller donc ne vous attendez pas à une romance sirupeuse…

Un film tendu et cathartique

L’ensemble est riche en tension et bien nerveux : à la fois par les missions dans le centre commercial qui vont se révéler de plus en plus tendue, par la détresse intérieure de Lucas mais aussi par le frisson de sa liaison rêvée avec Andrew et les conséquences qu’elle va amener (et ce jusqu’à une dernière partie particulièrement haletante, intense, brutale et au final cathartique).

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Des acteurs magistraux

Tom Blyth et Russell Tovey crèvent l’écran dans ce labyrinthe de pulsions, de frustrations et de peurs. De scènes d’intimité imparables et vertigineuses en crises tumultueuses, Plainclothes électrise son public et laisse une forte trace jusqu’à un dernier plan qui donne le frisson.

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Bande-annonce de Plainclothes