FICTIONS LGBT
POSE, saison 1 : une série bouleversante et des femmes extraordinaires
2018 est définitivement une grosse année pour Ryan Murphy. Après l’excellente « American Crime Story » articulée autour du personnage venimeux d’Andrew Cunanan, son nouveau bébé s’appelle POSE et c’est une bombe !
L’action se situe à la fin des années 1980 à New York. La série va suivre les trajectoires de personnages qui échappent à la transphobie et à l’homophobie, à la misère sociale et à la menace de la maladie, en combattant avec passion sur la piste de danse. Plongée dans l’univers et la culture du « Voguing », le show est riche en paillettes, peuplé de personnages merveilleux, denses, attachants, bouleversants. Le dosage entre émotion, militantisme et humour est juste parfait et on ne veut clairement pas que ça s’arrête !
Mine de rien, avec cette série, Ryan Murphy et ses acolytes offrent enfin une fiction grand public qui dresse avec sensibilité le portrait de femmes trans. Et ces femmes sont absolument magnifiques à tous les niveaux. Bien évidemment, impossible de ne pas tomber amoureux de Blanca (Mj Rodriguez), mère en devenir, le coeur sur la main, d’une bonté permanente, battante. Un véritable coeur pur qui transcende chaque épisode et nous redonne foi en l’humanité à elle seule.
Autour d’elle, la sexy et mélancolique Angel (Indya Moore), qui gagne sa vie en se prostituant et qui se perd dans une romance avec un aspirant golden boy marié, et l’impayable Elektra (démente Dominique Jackson), tigresse à l’élégance folle qui sort beaucoup les griffes comme, on le devine, pour cacher une vulnérabilité qui lui est insupportable.
La vie ne fait jamais de cadeaux à ces femmes stigmatisées et marginalisées. Mais elles dansent, elles se battent. Et si quand vient l’heure de s’affronter sur la piste de danse il n’y a pas de cadeaux et l’envie d’être la meilleure, au dehors la fraternité ressurgit souvent.
Aux combats encore toujours d’actualité des femmes trans pour leur émancipation se dessine le récit de familles de substitutions qui se créent. Les LGBT, rejetés par leur famille « biologique », frappés par le Sida, trouvent grâce aux « maisons » des compétiteurs de voguing un foyer d’accueil, un nouvel espace pour renaître sans jugement, en apprenant le dépassement de soi, en gagnant en assurance. C’est ce que va connaître Damon (Ryan Jamaal Swain), jeune gay aspirant danseur, flanqué hors de chez lui et recueilli par Blanca.
La notion de famille est très forte et très belle. Elle prend le dessus sur toute la noirceur du monde, pourtant omniprésente. Outre une réalisation colorée et pleine de souffle et un casting absolument génial, POSE témoigne d’énormes qualités d’écritures, d’une générosité à toute épreuve, d’une véritable intelligence dans sa façon de mêler divertissement en mode soap, Histoire et réflexions militantes.
Pas un personnage n’est à jeter dans les premiers comme dans les seconds rôles (mention spéciale au génial Billy Porter, boule d’émotion et mentionnons le plaisir de voir James Van Der Beek dans un petit rôle un peu détestable qui n’est pas sans rappeler sa partition dans le film « Les lois de l’attraction »).
Belle, brillante, emballante, POSE nous fait tomber amoureux de ses héroïnes et nous rappelle à quel point il y a encore des combats à mener contre la transphobie (qui existe aussi dans le milieu gay comme le montre plusieurs passages où le personnage de Blanca lutte pour être acceptée dans un bar homo bien peu accueillant). Indispensable et formidable.
Série produite en 2018