FICTIONS LGBT
Red, White & Royal Blue (My dear f***ing prince) de Matthew López : douceur romantique
Imaginez une histoire d’amour entre le prince de la famille royale britannique (beau et blond) et le fils de la Présidente des Etats-Unis (beau et brun). C’est le menu simple, inoffensif et efficace de Red, White & Royal Blue (My Dear F***ing Prince pour la VF), adapté du livre du même titre, entre romcom et drame romantique sur fond de coming out.
Alex Claremont-Diaz (Taylor Zakhar Perez, croisement entre un mannequin et Jacob Elordi : attention les yeux !) est envoyé au Royaume-Uni pour un mariage royal. Il y croise le prince britannique Henry (Nicholas Galitzin). Les choses dégénèrent rapidement : les deux jeunes hommes ne peuvent pas se voir en peinture et ne se sont jamais entendus en raison de leurs personnalités opposées. Alex dit abhorrer le Prince Henry qu’il trouve particulièrement snob. Ivre lors des festivités, le playboy américain se met à titiller le prince et ils se retrouvent à se quereller et à ruiner le gateau de mariage à 75 000 dollars. Ce qui ne va pas manquer de faire les choux gras d’une certaine presse à scandale.
Alors que sa mère (Uma Thurman) est en pleine campagne pour être réélue aux prochaines élections présidentielles, Alex est sommé de faire un effort et de remédier à cet incident diplomatique en allant passer du temps avec le Prince Henry pour faire semblant que les relations entre le Royaume-Uni et les Etats-Unis sont au beau fixe. Prétendant être amis devant les caméras, Alex et Henry continuent d’accumuler les pics l’un envers l’autre quand ils sont juste tous les deux. Ce petit jeu de détestation commence toutefois à se mêler à plus d’affect alors que les deux bogosses baissent parfois la garde et révèlent leurs failles.
Dès lors se met en place le canevas d’une véritable comédie romantique : deux êtres opposés qui font mine de se haïr mais qui doucement s’attirent. Une amitié passionnelle teintée de drague se tisse : Alex et Henry passent leurs journées à s’envoyer des messages, à se faire des blagues et à glisser quelques petites subtilités sexy. Et voilà qu’un soir de Nouvel An, le Prince embrasse Alex. Ce dernier est troublé, il refoulait un peu sa bisexualité jusqu’alors. Sa réaction est maladroite, semant la confusion. Finissant par comprendre qu’il est définitivement attiré par le Prince, il finit par prendre son courage à deux mains et le retrouve pour lui rendre son baiser. Une liaison commence, qui devra rester légère selon le Prince car il est hors de question que son homosexualité soit révélée au grand jour et impensable qu’un membre de la famille royale soit ouvertement gay, « loud & proud ».
Mais l’amour, ça ne se prévoit pas et au fil des semaines Alex et Henry vont s’éprendre l’un de l’autre, avec toute la magie romantique que cela implique mais aussi tous les doutes et les dilemmes qui peuvent aller avec une histoire d’amour défiant les conventions…
Ce film ne fera sans doute pas date mais il ne manque pas de charme. Assurément prévisible, Red, White & Royal Blue reprend les codes classiques de la comédie et du drame romantique en les transposant au sein d’une romance gay entre deux bellâtres puissants. A notre gauche le Prince de la famille royale britannique qui a toujours caché son homosexualité, qui n’a jamais pu goûter à une vie simple, toute son existence étant médiatisée et sa famille appartenant à l’Histoire. A notre droite le fils de la Présidente des Etats-Unis, une femme qui a transcendé son destin et qui a permis à sa famille de passer de la classe ouvrière immigrée aux plus hautes sphères du pouvoir.
Ce long-métrage à la réalisation très générique (quelques beaux plans ici et là surgissent mais globalement la facture est plutôt télévisuelle et l’ensemble ressemble côté forme à un soap opera de luxe) met un peu de temps à nous attraper. On entre dedans un peu sceptique, assailli par les clichés et par le jeu un poil figé des deux comédiens à la beauté très papier glacé. Et puis, petit à petit la magie opère… En même temps que leurs personnages dévoilent leurs fêlures, les acteurs Taylor Zakhar Perez et Nicholas Galitzin prennent de l’ampleur et l’amour envahit l’écran avec une flopée de scènes craquantes, parfois inspirées de références du genre (coucou Call me by your name). Ca dégouline joliment de romantisme, de passion et les scènes d’intimité mêlent de façon assez réussie irrésistible mièvrerie, petits détails coquins et sensualité fiévreuse.
Dans ce genre de production, ce qui compte c’est l’alchimie entre les deux figures romantiques et ici cela finit bien par prendre et on a envie que ces deux-là, qui passent de façon fulgurante du désir et de la légèreté à un amour profond et quasi inconditionnel, finissent ensemble. Le film se veut idéaliste et optimiste, feel good, rêvant un monde où l’amour peut être plus fort que tout, où les immigrés américains et les femmes peuvent accéder au sommet du pouvoir, où les coming out se font dans la douceur avec quelques conseils contre les IST. Il ne lisse tout de même pas tout à l’extrême, montrant que les choses ne sont pas gagnées d’avance et que pour sauver son grand amour il faut du courage, oser se battre et ne pas avoir peur de se mettre en danger, recommencer.
S’il reste parfois en surface et manque de profondeur sur certains aspects qui étaient intéressants et auraient pu être plus développés (la difficulté d’avoir une vie sentimentale, qui plus est homosexuelle, quand on est une figure publique doublée d’un rôle diplomatique / politique notamment), Red, White & Royal Blue a du coeur, est ponctué de jolis moments qui ne devraient pas laisser de marbre les spectateurs fleur bleue. Une petite douceur sans prétention, avec des répliques amusantes, une écriture qui fait le job en matérialisant des personnages sensibles, attachants et qui font rêver (et une bonne dose de sexy).
Film sorti en 2023 sur Prime Video