FICTIONS LGBT

ULTIME TRAHISON (Triple crossed) de Sean Paul Lockhart : double jeu

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Chris (Jack Brockett), ancien militaire, a connu l’enfer en Afghanistan. Il en est ressorti vivant contrairement à l’un des amis qu’il s’y était fait, Tyler (Addison Graham). Le retour à la vie civile est difficile. Il n’a pas de travail, dort dans sa voiture. Un appel pourrait changer la donne : une gosse de riche plantureuse, Jackie Townsend (Laura Reilly), le convoque pour un prétendu poste de sécurité auquel il avait postulé. Elle l’informe que ses tests de drogue n’ont pas été concluants (Chris se drogue pour apaiser ses troubles post-traumatiques suite à ses mésaventures au front). Puis elle lui propose un étrange marché : une grosse somme d’argent s’il accepte de tuer un certain Andrew Warner (Sean Paul Lockhart).

Ce dernier était le compagnon du frère de Jackie, mort à la guerre et lui ayant légué tout son héritage, qu’elle entend bien récupérer. Comprenant que le frère de Jackie n’est autre que son défunt camarade Tyler, Chris hésite. Il finit par accepter alors qu’on lui propose le confort d’un appartement « de fonction ». Les jours qui suivent, il fait irruption dans le quotidien d’Andrew, qui s’était replié sur lui-même depuis la mort de son petit ami. Les deux garçons se rapprochent de plus en plus, entament une liaison. Et Chris de ne plus savoir où il en est, sentant qu’il est en train de tomber amoureux de ce riche héritier doux et à fleur de peau…

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Sean Paul Lockhart alias la star du porno gay Brent Corrigan avait déjà tenté de se reconvertir en tant qu’acteur dans des productions gays indépendantes (on se souvient notamment du médiocre Judas Kiss). Ultime trahison (Triple Crossed en VO) lui offre l’occasion d’apporter une nouvelle corde à son arc puisqu’il est ici à la fois devant et derrière la caméra pour ce film à petit budget, financé en partie par le crowd-funding. L’éternel minet ne manque à l’évidence pas d’ambition, guidé par un désir de mêler film d’espionnage, romance et thriller érotique avec en toile de fond le traumatisme de l’Afghanistan. Les premières scènes témoignent d’une indéniable volonté de bien faire. On sent que la mise en scène se cherche, que Sean Paul Lockhart veut réaliser de jolis plans. C’est d’ailleurs un premier problème pour le spectateur qui se retrouve face à une œuvre qui avance sans grande assurance, s’appuyant sur un casting sexy, souvent crédible mais peinant à donner de la consistance à des répliques parfois attendues ou maladroites.

A trop vouloir en faire, le film s’égare, de plus en plus. Le côté thriller érotique est parfois risible (toutes les occasions sont bonnes pour dénuder les acteurs, la forme opte pour des ralentis cheaps). Et le scénario, alambiqué jusqu’à une dernière partie dont on peine à dire si elle est surprenante, improbable ou grotesque, ne convainc pas. Dommage car la love story qui se dessine entre les personnages de Chris et Andrew est assez craquante. Sean Paul Lockhart est à nouveau très mignon à l’écran, livre une interprétation correcte, jouant de ses charmes, mais l’ensemble ne tient pas. A réserver aux fans du porno boy donc, qui passeront outre les multiples défauts pour se contenter du plaisir de le contempler dans une romance artificiellement tourmentée.

Film produit en 2013 et disponible sur la plateforme de Films LGBT Queerscreen

Blog rédigé en solo par Gaspard Granaud. Avec la précieuse aide de Pierre pour la période avril-mai 2022, merci <3