UNCOUPLED : redevenir gay célibataire à l’aube de la cinquantaine

By Gaspard Granaud | 30 juillet 2022

Nouvelle série à thématique gay signée Darren Star (le créateur derrière Sex and the city, Melrose Place ou plus récemment Emily in Paris), Uncoupled suit la trajectoire d’un homme à l’aube de la cinquantaine qui redécouvre la vie de célibataire et la jungle des rencontres gays. Avec Neil Patrick Harris comme premier rôle. 

New York. Michael (Neil Patrick Harris) est en couple depuis 17 ans avec Colin (Tuk Watkins). Le jour du cinquantième anniversaire de ce dernier, son compagnon se démène pour lui organiser une fête surprise romantique. Mais lors de la soirée, Colin lâche une véritable bombe : il ne sait plus où il en est, a besoin d’espace et souhaite rompre. Pour Michael qui n’imaginait pas une seconde sa vie autrement qu’en vieillissant avec celui qu’il aime, c’est un choc. Essayant dans un premier temps de se raccrocher à l’espoir que ce n’est qu’une passade, il finit par accepter la réalité qui est qu’il se retrouve à nouveau seul et célibataire alors que lui-même approche des 50 ans. 

Ce n’est un scoop pour personne : le monde des rencontres gays (dans les bars et encore plus en ligne) n’est pas toujours tendre avec les « profils » plus âgés. Quand on sait que les profils du type « Pas plus de 30 ans » pullulent sur des apps comme Grindr, autant dire que ceux qui ont 50 ans peuvent se sentir mis de côté. 

Le sujet du célibat gay des mecs plus murs a été encore très peu traité au cinéma ou dans les séries et c’est un angle rafraichissant et original qui avait de quoi attiser la curiosité. Les premiers épisodes patinent un peu, on a l’impression que le projet cherche un peu son ton entre drame intime bourgeois post-rupture et comédie de célibataire. 

Redevenu un coeur à prendre, Michael va pouvoir compter sur ses potes gays pour le consoler et le sortir. Autour de lui deux autres exemples du célibat gay à la cinquantaine. D’un côté Stanley (Brooks Ashmankas), marchand d’art bedonnant qui a bien du mal à trouver de la compagnie et observe son désert sentimental et intime avec une pointe d’humour et de cynisme. De l’autre Billy (Emerson Brooks), un homme de télé influent, daddy entretenu et éternel coureur qui continue d’enchaîner les plans avec des jeunes bogosses. Ce sont deux profils un peu caricaturaux et extrêmes qui permettent de bons ressorts de comédie. Et Michael, personnage principal, se situe un peu entre les deux. Romantique mais un peu coquin aussi, quand il redevient célibataire il ne fuit ni l’amour potentiel ni les opportunités légères. 

On retrouve le style de Darren Star qui par moments nous rappelle les scènes de dating ratées drolatiques de Sex and the City (la majorité des rencontres de Michael vont se solder à chaque fois par un twist un peu improbable et souvent amusant). Le lien entre les deux séries se ressent aussi par d’autres aspects : la ville de New York, un groupe d’amis soudés et complémentaires qui partagent autour de verres et de diners dans des lieux cosy et branchés leurs expériences et revers. Et quelques rôles féminins secondaires savoureux, en particulier Tisha Campbell dans le rôle de Suzanne (meilleure amie et collègue pétillante de Michael, mère célibataire, parfois un peu délurée sur les bords) et Marci Gay Harden dans le rôle de Claire (une cliente bourgeoise un poil fêlée et pot de colle qui a soif de revanche après que son mari ait décidé de la quitter). 

Le temps de 8 épisodes d’une trentaine de minutes, on voit le personnage principal passer par tous les états. L’angoisse d’être à nouveau célibataire et de finir seul sentimentalement. L’obsession autour de l’ex et la peur qu’il refasse sa vie bien mieux que lui. Le frisson exaltant d’une parenthèse charnelle inattendue. Aussi l’enfer de Grindr, des photos hot demandées sous peine d’être bloqué. Ce que la série montre – dans un milieu, il faut le préciser, très privilégié – c’est que même s’il n’est pas facile d’être célibataire à 50 ans, contrairement à ce que beaucoup redoutent cela ne veut pas dire que c’est la fin des nouvelles histoires et de l’épanouissement dans le célibat. L’une des scènes les plus emblématiques de l’ensemble est celle entre Michael et son gentil voisin de plus de 70 ans, Jack (André De Shields). Si Michael se voit vieux et avec ses meilleures années désormais derrière lui, son voisin lui le voit comme jeune et avec la vie devant lui, disant ô combien il donnerait tout pour revivre ces années-là. Leçon : ne pas voir le verre à moitié vide car il y a encore tant à écrire et à vivre passé la cinquantaine. 

Gagnant en charme au fil des épisodes, sympathique, mignonne et un peu sexy, Uncoupled n’est pas la série de l’année (la mise en scène est générique, les situations fun mais pas renversantes d’originalité non plus) mais saisit avec tendresse et de façon divertissante son sujet plutôt rare. On passe un bon moment et les amateurs de soap légers ne devraient pas être déçus. 

Série sortie en 2022 sur Netflix