FICTIONS LGBT

UNE ÂME SECRÈTE (Bilmemek) de Leyla Yilmaz : oppressé

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La réalisatrice Leyla Yilmaz dresse un portrait peu reluisant de la Turquie avec son long-métrage Une âme secrète (Bilmemek en VO). 

Turquie. Umut (Emir Ozden) est passionné de water-polo et son bon niveau dans le sport pourrait l’aider pour ses études à venir. Mais voilà qu’un jour il assiste à l’agression en public d’un garçon présumé homosexuel. Il intervient et a un geste doux à son égard. Il n’en faut pas plus pour que la rumeur se répande au sein de son club de water-polo viriliste qu’il pourrait être lui aussi gay. 

Alors que ses camarades insistent pour qu’il leur dise si oui ou non il aime les garçons, Umut refuse de répondre. Il espère que les choses se tasseront s’il tient tête aux attaques. Mais de jour en jour les choses empirent… 

une ame secrete film
une ame secrete film

Il y a un petit côté Después de Lucia de Michel Franco (voire aussi un peu de Absent de Marco Berger) dans ce film à la mise en scène parfois contemplative voire un peu clinique. On sent toute la violence qui peut exister dans des groupes de garçons où l’homosexualité n’est pas parfois acceptée (l’éternelle excuse débile de la gêne de possiblement se trouver dans les vestiaires avec un gay est bien évidemment de mise). Une âme secrète fait progressivement monter la pression et le mal-être et donne à réfléchir sur une homophobie tristement bien présente en Turquie. 

Quand on se fait harceler comme ça par ses camarades, on peut vite se sentir démuni, on en parle pas forcément à ses parents car on éprouve un sentiment de honte. Et s’entame alors une spirale infernale. Le sujet est bien sûr important mais il n’est pas nouveau au cinéma et Leyla Yilmaz a du mal à se démarquer des oeuvres qui ont l’ont précédée. On a une impression de déjà-vu et la fin elliptique n’aide pas vraiment. 

une ame secrete film

Autour du personnage d’Umut quelques intrigues périphériques intéressantes (le harcèlement moral au travail enduré par le père qui passes ses nerfs sur son épouse en mode macho) ou un peu brouillonnes (le personnage de la mère qui a du mal à s’affirmer comme elle le voudrait doublé d’un sous-texte politique par son métier qui bénéficie d’un traitement un peu artificiel). 

Ça patauge un peu en définitive bien qu’on ait rien à reprocher à l’ensemble (la mise en scène est pas mal, les acteurs font le job, il y a des scènes touchantes). Comme l’impression d’être devant une oeuvre qui se retient un peu trop, scolaire dans son exécution. A voir ce que la cinéaste fera par la suite. 

Film produit en 2019 et disponible sur la plateforme de Films LGBT Queerscreen 

Blog rédigé en solo par Gaspard Granaud. Avec la précieuse aide de Pierre pour la période avril-mai 2022, merci <3