FICTIONS LGBT

CICADA (Renaissance) : un film d’amour gay indispensable !

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Le duo de réalisateurs Matthew Fifer et Kieran Mulcare signe avec Cicada (titré « Renaissance » pour sa sortie française sur Queerscreen et en DVD) une romance gay universelle, complètement dans l’air du temps. Le film apporte une vague d’amour libératrice qui fait un bien fou, remède aux maux de ses deux personnages à fleur de peau. 

New York, été 2013. Ben (Matthew Fifer) vit de différents petits boulots et accumule les parenthèses charnelles éphémères. Un jour, il fait par hasard la rencontre de Sam (Sheldon D. Brown). Ce qui aurait pu n’être qu’une rencontre expéditive de plus devient instantanément autre chose, les deux garçons se sentant. naturellement à l’aise l’un avec l’autre et ne cachant pas de premières fêlures. 

Les jours passent et entre balades, moments partagés et complicité au lit, quelque chose se crée entre eux : le possible début d’une histoire d’amour. Mais l’amour ne tombe pas tout cru et pour donner une chance à cette belle histoire qui les porte, Ben et Sam vont devoir d’une part dépasser leurs différences (Ben est blanc  et vient d’une famille plutôt aisée de Long Island / Sam est noir et a grandi modestement à Brooklyn) et surtout se confronter une bonne fois pour toutes à leurs traumas et leurs peurs (Ben a été victime d’un abus très jeune / Sam reste traumatisé par une violente agression et redoute que son père n’accepte jamais son homosexualité)… 

cicada film gay
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Ce très beau film indépendant new yorkais apparait comme un joli mélange entre Weekend (pour le côté coup de foudre et conversations profondes avec un garçon que l’on rencontre à peine), I want your love (pour le côté arty et indie cool à la sauce gay) et Ia série I may destroy you (pour les thématiques liées à l’abus et au ressenti parfois vertigineux que l’on peut toujours avoir aujourd’hui quand on est jeune, gay et noir). L’intrigue, très intimiste et sensible, s’inspire en partie du parcours de Matthew Fifer, co-réalisateur et co-acteur principal et de Sheldon D. Brown. Ça sent le vécu, c’est très précis, très personnel, à fleur de peau. Et comme c’est souvent le cas, c’est souvent quand on va chercher au plus profond de soi que l’on donne naissance à une oeuvre complètement émouvante et universelle. 

On a l’impression de vivre le début de relation qui est filmé en temps réel et de tomber nous aussi amoureux des deux personnages qui sont instantanément attachants. Deux garçons blessés par la vie, qui ne croyaient presque plus à la possibilité d’une belle rencontre et qui d’un coup se retrouvent avec ce lien magique qui se crée. Cicada montre l’intimité d’un couple qui se forme, ses moments d’insouciances, de légèreté, de plaisir mais aussi les hésitations, les maladresses, les doutes, les premiers points de discorde qui pourraient faire pencher la balance du mauvais côté. 

cicada film gay

Les acteurs sont tellement justes qu’on a l’impression de voir défiler l’histoire de deux de nos meilleurs amis et on a envie de passer de l’autre côté de l’écran pour leur faire un câlin. La force du film tient dans l’hyper sensibilité de ses personnages, leur vulnérabilité, leurs défauts. C’est souvent quand on accepte ce qui est le plus moche, le plus douloureux et le moins sexy chez quelqu’un que l’on peut commencer à vraiment le regarder avec le coeur. C’est ce qui se passe ici : Ben et Sam ne vont pas rester constamment sur leur nuage, ils vont se confronter, passer des moments difficiles mais surtout communiquer, se rattraper, s’excuser. Et chaque petit raté va solidifier leur lien et leur donner la force de tenter de se confronter aux choses de leur existence qui les effraient le plus. 

A l’instar du choix de son titre (qui veut dire « Cigale »), métaphore poétique au goût potentiellement amer, Cicada témoigne d’une belle subtilité. Ce long-métrage profondément sentimental réussit à la fois à explorer le coeur et les âmes de ses deux beaux personnages, interroge sur des thématiques très sérieuses et sensibles tout en restant constamment pudique (le choix de ne pas expliciter certaines conversations pesantes par exemple, la façon de filmer les disputes et les réconciliations). C’est un film qui redonne ni plus ni moins foi en l’amour. Un film faussement léger, réellement libérateur, profondément beau et bon. Coup de coeur, évidemment. 

Film présenté au Festival Chéries Chéris 2021 et disponible sur la plateforme de Films LGBT Queerscreen

Blog rédigé en solo par Gaspard Granaud. Avec la précieuse aide de Pierre pour la période avril-mai 2022, merci <3