DEAR EX : drame familial gay taïwanais plein d’humanité
Critique du film gay taïwanais Dear Ex, un drame familial qui entrelace les trajectoires de 3 personnages avec sensibilité et une profonde humanité.
Héritage et conflit
Réalisé par un duo réalisateur / réalisatrice, Chih-Yen Hsu et Mag Hsu, Dear ex nous plonge dans le quotidien d’une mère célibataire, Sanlian (Ying-Hsuan Hsieh) et de son fils Chengxi (Joseph Huang) qui se retrouvent surpris et désemparés alors qu’ils apprennent qu’ils ne toucheront rien de l’héritage du père de Chengxi suite à sa mort.
Mari ayant brutalement quitté le foyer, abandonnant son fils, Song Zhengyuan a laissé beaucoup de blessures derrière lui. Son héritage, il l’a légué tout entier à Jay (Roy Chiu), un séduisant dramaturge de théâtre. Une réalité insupportable pour Sanlian qui considère Jay comme un vulgaire amant et un profiteur. Ainsi, elle va se permettre de débarquer chez lui, d’hurler et de le menacer pour qu’il laisse l’héritage à venir à la famille du défunt.

Des figures d’abord caricaturales
Chaque personnage ici est dans un premier temps affiché comme une sorte de caricature, sans grandes nuances. Sanlian est une femme éconduite et en colère, perçue par son fils comme hystérique. Chengxi passe pour un enfant à problèmes. Jay parait superficiel, égoïste, égocentrique. Mais dans la vie, même si parfois sur le coup de la tristesse ou de la colère on cherche à s’en convaincre, tout n’est pas tout blanc ou tout noir et chaque personne à ses mauvais côtés mais aussi du bon et des qualités.

La quête de Chengxi
Sentant que l’histoire qu’il a pu entendre n’est sans doute pas tout à fait la vraie, Chengxi va fuir à son tour son foyer pour passer du temps avec Jay. Une façon d’essayer de comprendre ce qui a amené son père à tout lui léguer et aussi d’obtenir des informations sur un paternel qui a pu cruellement lui manquer.

La mort révélatrice du père
La mort de Song Zhengyuan va finalement servir de révélateur et permettre à chacun de faire exploser ses rancoeurs, sa tristesse, de régler ses comptes et peut-être de pouvoir avancer plus en paix. On découvre que Jay était bien plus qu’un amant, qu’il était tout simplement le grand amour de Song Zhengyuan qui avant d’être avec lui avait toujours refoulé son homosexualité. Emporté par l’amour, il avait alors décidé de quitter sa femme même s’il avait conscience que cela allait détruire sa famille et peut-être l’empêcher de revoir son fils.

Vers le pardon et la compréhension
Avec une vraie sensibilité, et accompagné d’une très belle photographie, le film montre le parcours difficile vers la rédemption, le pardon, l’acceptation des choses qui ne se sont pas passées comme on le voulait. On finit par comprendre et s’attacher à chaque personnage, malgré leurs travers et leurs coups de colère.
Et si parfois la forme cède un peu à la facilité avec des passages un peu appuyés ou trop démonstratifs, on accepte cela car c’est une belle histoire sur la perte, la douleur de la disparition et la nécessité de pardonner pour aller mieux. Dans le rôle de l’amant / amoureux bien plus investi qu’il n’en a l’air, Roy Chiu est aussi charmant que touchant.
Informations pratiques
Film produit en 2018 et disponible sur Netflix
