HITCHER de Robert Harmon : un jeu du chat et de la souris crypto gay ?
Critique du film HITCHER de Robert Harmon
Un thriller en mode jeu du chat et de la souris où le lien entre le chasseur et sa proie regorge d’allusions crypto gay.
Un film culte des années 1980
Film culte des années 1980, Hitcher est un thriller pour le moins énervé qui offre la dose d’adrénaline que le spectateur peut venir chercher en regardant ce genre de films.
Ca commence fort : la nuit, le joli et jeune Jim (C. Thomas Howell) est sur la route au volant d’une belle voiture qu’il transporte pour un client. Il se met à pleuvoir fort et Jim accueille dans son véhicule un homme faisant du stop, John (Rutger Hauer). Il essaie de lui faire la conversation mais l’homme est assez mystérieux pour ne pas dire bizarre. Alors que ce dernier se comporte de façon de plus en plus étrange et lui met la main sur la cuisse, Jim le somme de quitter la voiture. Mais John ne partira pas.
Il se met quelques instants plus tard à sortir un couteau et à lui raconter qu’il vient de tuer un autre homme qui l’avait pris en stop. Terrorisé, Jim sent la mort arriver. Quand la voiture arrive à un péage, John le dissuade de chercher à s’en sortir et lui remet la main sur la cuisse devant le contrôleur. Finalement, par chance, Jim arrive à l’éjecter de sa voiture… mais John va vite le retrouver et continuer de le pourchasser.
Un jeu du chat et de la souris sadique et ludique
Le réalisateur Robert Hamon nous invite pour un jeu du chat et de la souris intense et sadique. Ce qui commence comme une menace terrifiante se transforme petit à petit en un drôle de jeu morbide. John semble en effet de plus en plus s’amuser à traquer sa jeune proie. Les retournements de situation s’accumulent (parfois de façon un peu grossière) et Jim finit par libérer sa colère et sa violence, habité par la rage de survivre. Alors que les forces de l’ordre s’en mêlent, les choses se compliquent car par ses actions, Jim peut autant au final avoir l’air d’une victime que d’un agresseur.
Une lecture crypto gay
Si le film est objectivement bon et d’une belle générosité, faisant de cette traque un moment haletant, fun et jouissif, le lien très singulier entre le chasseur et sa proie ne cesse de titiller.
Alors que Jim croise sur sa route une belle jeune femme qui va lui venir en aide (Jennifer Jason Leigh), on s’attend à ce que survienne à un moment un rapprochement. Mais il n’en sera rien. Un indice parmi de nombreux autres que Jim n’est peut-être pas tout à fait attiré par les femmes et qu’il refoule peut-être son homosexualité.
Plus âgé, John s’amuse de sa fraicheur, sa candeur, et se plait à le faire frissonner et à le bousculer. On sent un étrange attachement du tueur pour sa cible. Et les signes tendancieux ne manquent pas : main sur la cuisse, jouer à un couple gay pour tromper le contrôleur à la station de péage, couteau phallique sur la joue de Jim, gestes lascifs dans le restaurant, regards ambigus, crachat… John pourrait alors être une sorte de métaphore, l’incarnation d’une homosexualité perçue comme une menace, une malédiction, qui finit toujours par nous rattraper…
Une œuvre plus audacieuse qu’il n’y paraît
Cette interprétation, inattendue dans un « film de mecs » inscrit Hitcher comme une oeuvre plus audacieuse qu’elle n’en a l’air et la rend d’autant plus sympathique.
Informations pratiques
Film produit en 1986 et disponible sur PrimeVideo