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LOVE, VICTOR saison 1 : petits pas de coming out

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Love, Victor est la série dérivée du teen movie gay Love, Simon qui avait connu un joli succès critique. Produit à l’origine pour Disney +, le show a finalement atterri sur la plateforme américaine Hulu. Elle reprend les motifs du film original et témoigne de la même sensibilité et douceur.

Victor Salazar (Michael Cimino) emménage à Atlanta avec ses parents et sa petite soeur Pilar (Isabella Ferreira). Dès son premier jour au lycée de Creekwood, son voisin et autoproclamé nouveau meilleur ami Felix (Anthony Turpel) lui dit qu’il est une page blanche : il peut commencer ici une nouvelle vie. Victor pourrait saisir cette opportunité pour s’afficher d’emblée comme un jeune gay qu’il pense être. Il entend d’ailleurs parler de Simon, « une légende locale », figure d’ado gay courageux qui a marqué les esprits en embrassant son crush masculin sur une grande-roue devant tous les élèves.

Tout pourrait être simple, Victor pourrait se jeter à l’eau et être comme le beau Benji (George Sear), un des ados gays du lycée s’affichant fièrement. Mais quelque chose en lui l’en empêche. Il doute, il se demande s’il ne pourrait pas se forcer un peu à être hétéro. Il redoute aussi et surtout la réaction de ses parents qu’il aime mais qui n’ont pas l’air hyper ouverts sur la question et qui sont croyants. Pas encore prêt à s’affirmer, Victor décide de se faire passer pour un hétéro et se rapproche très vite de la fille la plus en vue du lycée : Mia (Rachel Hilson). Discrètement, il contacte en parallèle sur Instagram Simon et commence entre eux une série d’échanges, une correspondance sous le signe de la filiation qui ornera chaque épisode en voix off.

Plus l’intrigue avance plus il devient clair que Victor se prend lui-même au piège d’une hétérosexualité dont il ne veut pas. Il s’enfonce dans le mensonge, désire de plus en plus le beau Benji avec qui il travaille dans un bar après les cours (mais qui a déjà un copain) et craint de blesser la douce Mia qui n’imagine pas une seconde qu’il puisse être gay.

love victor saison 1 love victor saison 1

La première saison suit avec sensibilité et douceur le lent cheminement d’un ado vers l’acceptation de son homosexualité et son coming out. D’épisode en épisode, Victor s’épanche sur ses doutes, ces petites choses qui le paralysent et l’éloignent de son rêve finalement tout simple d’être lui-même, heureux avec un autre garçon.

Ceux qui étaient tombés sous le charme du film Love,Simon succomberont facilement à cette série ado pop, colorée et toute mignonne. Un épisode permet même de retrouver ses personnages emblématiques (dont l’ultra choupi Keiynan Lonsdale). Et pour ceux qui n’avaient pas vu le film, c’est un divertissement ado plein de charme.

Le gros bémol est sans doute lié au fait que la série était à l’origine prévue pour la plateforme familiale Disney +. C’est très très lisse et la sexualité est très peu représentée. On est à des années lumières de séries ados actuelles libérées comme Euphoria ou Elite. Les personnages, et Victor en premier lieu, semblent tous un peu avoir un balais dans le derrière. Ce qu’ils sont coincés ces petits ! Cela sera probablement résolu lors de la saison 2 déjà commandée par Hulu et qui devrait permettre aux scénaristes et réalisateurs de moins se brider vu que Disney s’est désolidarisée du projet.

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Ceci étant dit, ce côté un peu prude et naïf apporte un petit charme désuet. Si le personnage de Victor est un peu mou du genoux, les personnages secondaires sont tous excellents. Il y a Benji ,qui est certes le cliché du bogosse du lycée qui joue dans un groupe pop-rock et qui est musclé, a le mérite d’apporter le minimum syndical de scènes sexy. La très touchante Mia qui a du mal à se remettre de l’abandon de sa mère et de l’incursion dans sa vie d’une belle-mère un peu trop jeune à son goût. La populaire Lake qui tient absolument à préserver sa réputation et qui ne veut pas s’afficher avec le nerd de l’école, Felix, qui est pourtant parfait pour elle. Ce même Felix qui est de loin le personnage le plus cool, hyper drôle, loufoque et attachant. Et dans les personnages adultes, il faut mentionner le rôle de la mère de Victor qui fait mal au coeur alors que toute sa famille s’acharne sur elle à cause d’une faute d’adultère qu’elle a eu le malheur de commettre.

Si cette première saison n’a rien d’une révolution (elle ressemble plutôt dans le ton à une série ado du début des années 2000, piquant un peu à Dawson par-ci, un peu à Teen Wolf par-là), elle a ce côté doux et sucré qui fait son petit effet et parvient à poser les bases de personnages qu’on a bien envie de retrouver. Hâte de voir ce que la saison 2, attendue comme plus libre, nous réservera.

A l’heure de l’écriture de ces lignes la série n’est pas encore visible légalement en France, aucune plateforme de streaming n’en ayant fait l’acquisition.

Blog rédigé en solo par Gaspard Granaud. Avec la précieuse aide de Pierre pour la période avril-mai 2022, merci <3