FICTIONS LGBT
YOU’RE KILLING ME de Jim Hansen : amour (vraiment) fou
Joe (Matthew McKelligon) est un garçon aussi charmant que dérangé. Depuis le plus jeune âge, il est submergé par des pensées morbides qui lui donnent envie d’assassiner des gens. Après avoir passé sa jeunesse dans un centre psychiatrique, il retrouve enfin les joies de la vie au grand air.
Mais à peine entame-t-il une relation avec un garçon qu’il se retrouve à le poignarder ! Trouvant sur l’ordinateur de la victime une vidéo humoristique d’un aspirant Youtubeur à l’humour noir, Joe se laisse fasciner par l’ironie morbide de ce dernier et part à sa recherche.
Il finit par le trouver et l’accoste dans la rue. Il s’appelle George (Jeffery Self), est gay et célibataire, et quand Joe lui parle de ses envies de meurtres, il le trouve hilarant, ne songeant pas une seconde que ce brun troublé et troublant est réellement un psychopathe. Les deux garçons entament une relation sentimentale et petit à petit Joe se met à tuer tout le cercle d’amis de George sans qu’il ne se rende compte de la gravité extrême de la situation…
C’est peu dire qu’avec You’re killing me le réalisateur Jim Hansen signe un sacré OFNI. A cheval entre le cinéma bis, la romcom et la pure comédie, son long-métrage est délicieusement barré et multiplie les situations hautement improbables et répliques au potentiel de culte indéniable. Tourné avec peu de moyens, l’ensemble souffre d’une réalisation un tantinet cheap (notamment les passages matérialisant les pensées morbides du serial killer Joe) mais se rattrape de par son ton barré et une troupe de comédiens survoltés (on retrouve parmi les seconds rôles l’excellent Drew Droege ou encore Mindy Cohn, l’héroïne de la géniale et trop méconnue comédie Violet Tendencies).
La majeure partie de l’intrigue s’amuse du décalage entre un Joe complètement fêlé et psychopathe, très premier degré, et son copain George qui le prend au dixième degré. Ainsi, Joe passe son temps à lui confier ses crimes, parfois en détail, sans qu’il ne prenne la chose au sérieux, continuant de mettre son cercle d’amis en danger. En confiant le rôle principal au craquant Matthew McKelligon (aperçu dans la belle web série gay Eastsiders), le réalisateur ne s’est pas trompé : il est un parfait mélange de vulnérabilité et de barbarie, un petit garçon paumé qui fait le mal sans le vouloir, un objet de désir autant qu’une figure assez flippante.
Témoignant d’un véritable amour pour le cinéma de genre, refusant de se prendre au sérieux et accumulant les scènes aux dialogues et situations absurdes, You’re killing me parvient à être hilarant et mignon alors que son fil conducteur est une série de meurtres. Une prouesse en soi.
Film produit en 2015 et disponible en VO (sans sous-titres) en VOD sur Vimeo