ON THE ROAD (En el camino), film de David Pablos: jeune gay, routiers, danger
Critique du film ON THE ROAD (En el camino) de David Pablos suivant un jeune gay en cavale dans l’univers des routiers.

Duo sur la route
Après le réussi et marquant Le bal des 41, David Pablos revient avec un nouveau film à thématique gay haletant qui affirme encore un peu plus la puissance de sa mise en scène. Au Mexique, nous suivons Veneno (Victor Prieto Simental), un minet qui a un faible pour les hommes plus âgés et en particulier les chauffeurs routiers. Il fréquente ainsi restaurants de bord de route et autres aires de repos où il peut se donner à ces mâles dont la réputation voudrait qu’ils soient très chauds et open.
Veneno est surtout en cavale et cherche un compagnon de route alors qu’il se fait abandonner par l’un de ses amants. Il a sur lui une grosse quantité de drogue dont on devine qu’elle a été dérobée. Il va trouver l’aide qu’il recherche en la personne d’Eduardo, qu’on appelle Muñeco (Osvaldo Sanchez), un daddy viril qui n’est pas contre se faire un peu d’argent avec la marchandise du jeune homme (et qui a au passage quelques soucis d’addictions qui lui ont valu de se brouiller avec sa femme et ses enfants).
Sur la route, Veneno et Muñeco font connaissance, s’apprivoisent, se rapprochent alors que jour après jour le danger semble grandir : les raisons de la cavale de Veneno vont en effet s’avérer bien plus graves que ce que Muñeco aurait pu imaginer…

Plongée dans l’univers homoérotique des routiers
Le premier grand atout du film, c’est sa plongée dans l’univers si spécial des chauffeurs routiers. Un univers rarement filmé au cinéma sous le prisme gay (si on excepte l’excellente trilogie adulte de Joe Gage, El Paso Wrecking Corp en tête). On s’attache rapidement à Veneno, mi-minet mi-bad boy, jeune voyou passif attiré par les mâles bruts de décoffrage. David Pablos rend attachants ces personnages d’hommes plongés dans une grande solitude (même si la camaraderie entre routiers est forte), passant jours et nuits sur les routes en voyant parfois ce que l’humanité a de plus dur et terrible.
Les scènes d’intimité sont filmées frontalement, retranscrivant parfaitement le caractère direct et rugueux des rapports furtifs. Et la tendresse peut parfois survenir de façon inattendue.

Road movie, thriller et drame humain
L’aspect road movie fonctionne complètement et se mêle à un aspect thriller sur fond de cartel de drogue, faisant progressivement monter la tension tandis que les liens entre Veneno et Muñeco deviennent plus profonds entre confidences et addictions partagées.
La puissance visuelle de David Pablos
Mais ce que l’on retient surtout ici, au-delà des très belles interprétations du duo d’acteurs, c’est la force de la mise en scène. On the road est superbement filmé et David Pablos signe ici une oeuvre à la fois très maîtrisée, haletante, parfois nerveuse et au final touchante avec des plans qui marquent.
Film produit en 2025 et présenté au Festival Chéries Chéris 2025.
