FICTIONS LGBT
QUEER AS FOLK 2022 : un retour attachant
Difficile de faire plus culte côté séries à thématique gay que Queer as Folk. La version anglaise créée par Russell T Davies puis sa version US (avec des personnages plus développés et une intrigue étirée sur 5 saisons) constituaient une véritable révolution pour la télévision et ont marqué (et aidé dans leur acceptation) plusieurs générations de gays. A l’époque, il y avait quelque chose de vraiment euphorisant dans le fait de pouvoir suivre une série avec des personnages essentiellement gays (plus un couple lesbien attachant) dépeints avec authenticité, une grande liberté de ton et avec en bonus des scènes d’intimité qui n’avaient pas froid aux yeux.
L’idée d’un reboot de la série en a laissé plus d’un perplexe. Contrairement à The L Word Generation Q qui avait relancé une série culte en mêlant nouveaux personnages et personnages de la fiction originale, Queer as Folk 2022 a opté pour un renouvellement complet. Le pari était très risqué et c’est peu dire que le jeune showrunner / réalisateur à sa tête, Stephen Dunn (dont on avait ici beaucoup aimé le long-métrage Closet Monster), avait la pression. Bonne nouvelle : bien que très différent du modèle original, ce nouveau Queer as Folk est bien une réussite qui ne manquera pas de tenir en haleine les amateurs de séries sentimentales et de fictions à thématique LGBT.
Avec une certaine malice, Queer as Folk 2022 multiplie les clins d’oeil à l’ancienne version. Les premières images reproduisent le générique de la version US, on retrouve un adolescent qui s’amourache d’un garçon plus âgé, le pilote voit un enfant naître au sein d’un couple lesbien, on retrouve deux meilleurs amis un peu amoureux l’un de l’autre… Stephen Dunn s’amuse même à reproduire certains plans (comme le moment culte où Justin/Nate arrive dans le grand appartement de Brian/Stuart) mais jamais les choses ne vont dans la même direction que dans l’histoire originale. On retrouve des motifs mais les temps ont changé.
Comme c’était le cas pour beaucoup d’autres séries du début des années 2000, Queer as Folk a pu être à posteriori critiquée pour son manque d’inclusivité : si le show avait beaucoup de qualités en terme de représentations (le couple lesbien était très beau, tous les personnages n’étaient pas des bombes sexuelles stéréotypées – on pense au génial personnage de Ted dans la version US -, le personnage génialement queer de Emmett / Alexander…), il ne faisait pas la part belle aux personnages racisés ou trans.
La version 2022 fait le pari d’un casting très LGBT et hyper méga inclusif. Queer as Folk nouvelle génération est plus LGBT que jamais, présente un cast éclectique qui compte blancs, noirs, métisses, gays, lesbiennes, trans mais aussi des protagonistes handicapés. Et tous ces personnages sont écrits et introduits avec sincérité et un réel soucis du détail : on est à l’opposé du cliché de la série Netflix qui met des quotas pour mettre des quotas. Et pour ceux qui seraient tentés de dire que l’ensemble se présente comme un peu trop « woke », ils n’auront pas grand chose à critiquer au final car l’écriture est vraiment soignée et chaque personnage fait sens et se révèle attachant, ce qui n’était pas forcément gagné vu la galerie de personnages conséquente qui se déploie ici.
Le monde a changé, heureusement les mentalités aussi et on sent que l’équipe derrière ce reboot a eu a coeur de raconter une histoire moderne, de renouveler Queer as Folk et d’apporter ses propres révolutions. La plus belle et mignonne histoire d’amour de cette saison se passe ainsi ici entre deux garçons dont l’un des deux est handicapé, on suit une femme trans dont l’identité n’est jamais vécue comme une source de drame (elle travaille comme prof dans un lycée, s’apprête à devenir maman et fait sa vie comme tout le monde), le personnage adolescent adore le make up et le drag et là encore cela est montré comme étant anecdotique.
L’une des plus grandes réussites de cette nouvelle mouture est de célébrer de nombreuses couleurs du drapeau LGBT notamment par le prisme de l’intimité. Les scènes charnelles sont nombreuses et elles mettent en scène avec sensualité et brio différentes sexualités et différents corps. Le désir est partout, sous toutes ses formes, et accompagne des moments de pur oubli ou de belles romances en devenir. Il n’y a pas de fausse pudeur, pas de voyeurisme mal placé non plus et cela fait plaisir de voir mise en scène de façon sexy aussi bien la sexualité des gays qu’une femme trans ou des mecs handicapés. La production est plus que jamais consciente que c’est aussi par les images et les représentations que les choses bougent et elle embrasse cela avec force.
L’une des questions qui entourait l’arrivée de ce reboot était aussi de savoir ce qui allait pouvoir être raconté et quel en serait l’intérêt. Quand le premier Queer as Folk est sorti, il y avait un manque terrible de représentation dans les séries. Désormais les personnages LGBT sont légion donc le fait de proposer une série 100% LGBT risquait de ne pas être forcément suffisant si l’objectif était de marquer son temps.
Il y avait deux possibilités : essayer de proposer quelque chose de fort et original ou bien jouer sur la nostalgie. The L Word Generation Q par exemple joue à fond la carte de la nostalgie et du soap et si cela n’est pas d’une folle ambition cela fonctionne et suffit car quand on aime le genre du soap opera et les romances (et qu’on a la nostalgie du The L Word original) on prend beaucoup de plaisir à suivre les personnages, leur vie de tous les jours, leurs hauts et leurs bas professionnels et amoureux.
Queer as Folk 2022 est un peu à la croisée des chemins. Le pilote, très intense, maîtrisé et cinématographique, pose les bases de sa galerie de personnages très bien croquée (tous les protagonistes sont instantanément attachants et on a envie de les suivre). On est en 2022, les LGBT font leur petite vie sans encombre au coeur d’une Nouvelle-Orléans libérée et arty. Et puis survient un terrible drame en écho au massacre d’Orlando. Cet événement traumatisant et très dramatique sera une sorte de fil rouge pour la première saison, venant ébranler les certitudes et hanter les survivants.
Une fois encore, ce parti pris était risqué mais c’est bien amené, fort, émouvant et cela rappelle tristement que tout est loin d’être gagné pour les LGBT. Car s’il y a petit à petit plus de visibilité, d’acceptation, de tolérance, de banalisation, il reste beaucoup d’endroits où être LGBT est difficile et les forces obscurantistes semblent prêtes à jaillir à tout moment. Nous vivons dans un monde où les progrès les plus évidents peuvent subitement être menacés de se volatiliser et il faut rester sur ses gardes en permanence.
Passé un pilote qui réveille le militantisme en bouleversant, Queer as Folk 2022 emprunte progressivement un tournant plus soap opera en se concentrant sur des histoires de quêtes identitaires, de romances et trahisons. Le cadre de la Nouvelle-Orléans et sa nouvelle scène arty apporte un certain cachet à une mise en scène soignée. Les personnages sont creusés et certains sont d’une belle complexité, la noirceur se mêle au mignon et au sexy. Et si la fin de saison peut paraître un peu simple en opposition à un pilote très chargé en émotions et souvenirs, elle est portée par un souffle romantique moderne et rafraichissant.
Ce que l’on retient de ces 8 épisodes, c’est la quête de soi et de sens d’une galerie de personnages LGBT dans une société où tout semble à la fois possible et difficile en même temps, où tout peut s’avérer fragile et volatile. Tout peut changer, tout le temps. Et s’il y a quelque chose d’exaltant dans le fait que rien ne soit figé et qu’ici les personnages écoutent leur coeur et leur corps et n’hésitent pas à se renouveler et aller contre les standards vieillots, il y a aussi les doutes et les peurs qui subsistent. En vrac, la série aborde une multitude de sujets : l’homoparentalité, la consommation de drogues qui devient excessive chez certains gays, le quotidien et l’intimité de gays handicapés, l’univers du drag, l’affirmation d’une femme trans, la découverte tardive d’une bisexualité, les menaces terroristes, les arrivistes qui instrumentalisent les luttes LGBT pour leurs petits profits, la menace persistante du VIH…
On a envie de voir la suite et on est déjà attaché à tous ces nouveaux personnages. Une première saison prometteuse, qui réussit à être complémentaire à son modèle original tout en créant un tout nouvel univers.
Série diffusée en 2022 aux Etats-Unis sur la chaine Peacock et à partir du 31 juillet 2022 en France sur Starzplay
EN BONUS ET AVEC SPOILERS UNE PETITE REVUE DES PERSONNAGES DE QUEER AS FOLK 2022
BRODIE joué par Devin Way
Sa trame scénaristique pourrait faire de lui le nouveau Brian (c’est de lui que s’amourache l’adolescent Mingus et il entretient une relation ambiguë avec sa meilleure amie Ruthie) mais Brodie n’a rien d’un publicitaire sûr de lui et à la carrière couronnée de succès. Issu d’une famille aisée qui l’a adopté, frère de Julian (Ryan O’Connell), ce jeune bogosse est le personnage principal de Queer as Folk 2022 et il n’est ni le personnage le plus simple ni le plus sympathique.
Brodie est un garçon paumé, qui se cherche et qui on le devine, a un léger faible pour l’auto-destruction. On le voit revenir plein de regrets à la Nouvelle-Orléans et chez son ex (Noah – Johnny Sibilly) avec qui les choses étaient parties en vrille malgré les promesses d’un avenir pourtant romantique (ils avaient failli se marier). Instable, Brodie a tendance à agir avant de réfléchir et s’embourbe parfois dans des situations desquelles il a ensuite du mal à s’extirper. On le voit ainsi séduire Mingus qui n’est pas encore majeur avant d’avoir envie de le fuir. Il est aussi et enfin le géniteur de l’enfant de sa meilleure amie Ruthie (Jesse James Keitel), une femme trans belle et cool avec laquelle il entretient une relation d’amitié intense.
Brodie connait Ruthie depuis tout jeune et il était là avant qu’elle ne fasse son coming out trans et entame sa transition. Au fil des épisodes, on découvre le lien spécial qui les unit et aussi que lorsqu’ils étaient ados ils étaient sortis ensemble…
Plus on avance dans l’intrigue plus on voit Brodie perdre pied. Personnage parfois ambivalent et égocentrique, souvent trop impulsif, il passe son temps à détruire tout ce qui lui est cher plus ou moins malgré lui. C’est aussi mine de rien celui qui va le plus se faire trahir (par Noah notamment). Un des personnages les plus complexes de cette nouvelle version, parfois très attachant (voire héroïque quand il sauve Mingus au Babylon) et parfois un peu agaçant (son côté enfant destructeur et capricieux). Il est aussi le plus imprévisible jusqu’à un final qu’on n’avait pas forcément vu venir mais qui en même temps est très cohérent.
RUTHIE jouée par Jesse James Keitel
C’est l’une des grandes révélations de ce nouveau cast. Ruthie est un peu la nouvelle Lindsay. Elle est en couple avec une femme, Shar (CG), et elles se préparent à être mamans. Shar porte l’enfant et c’est Brodie qui a donné son sperme.
Difficile de ne pas tomber sous le charme de ce personnage. Ruthie est tellement belle et tellement cool. La caméra est à l’évidence amoureuse de son interprète et c’est contagieux. Si en apparence Ruthie est une femme forte et espiègle, elle semble cacher un certain malaise. Est-ce lié aux incidents du Babylon ? Est-ce le vertige de son nouveau statut de maman qui la rend moins libre, elle qui adore sortir ? Ou est-ce quelque chose de plus profond ? On la voit douter et entamer une sorte d’errance intérieure au fil des épisodes.
Ruthie est un élément très central de cette première saison tout comme sa relation d’amitié particulière et en forme de montagnes russes avec Brodie.
NOAH joué par Johnny Sibilly
Il a le physique et le grand appartement d’un Brian (il est avocat et gagne très bien sa vie) mais Noah au final échappe un peu aux personnages de la version originale. La série s’amuse d’ailleurs à montrer ce beau mec barbu super viril en position de passif dans l’une des premières scènes.
Noah c’est un peu le personnage le plus romantique de la saison. Il est l’ancien amour de Brodie (que ce dernier aimerait bien reconquérir), il est l’amant esseulé et caché de Daddius (Chris Renfro) qui a péri au Babylon et qui était aussi le meilleur ami de Brodie. Sans le vouloir, le bogosse pourtant bienveillant dans la vie de tous les jours va doublement trahir son ex et lui faire beaucoup de mal. Spoiler : après avoir entretenu une liaison secrète avec le meilleur ami de Brodie, Noah va entamer une relation avec le frère de celui-ci, Julian.
Comme la majorité des personnages de la série, Noah se cherche et est en phase de reconstruction. On découvre entre autres qu’il a un problème d’addiction à la drogue. Sa relation, douce et inattendue, avec Julian va petit à petit panser ses blessures.
JULIAN joué par Ryan O’Connell
Grand plaisir de retrouver l’acteur Ryan O’Connell qu’on avait adoré ici dans sa série SPECIAL suivant le quotidien et la vie amoureuse d’un jeune gay handicapé. Le comédien et auteur apporte ici à nouveau sa touche au service d’un beau personnage.
Julian va prendre de plus en plus de place dans l’intrigue. Pas très visible au début (son frère Brodie n’a pas l’air de beaucoup s’intéresser à lui, pensant même qu’il est hétéro avant de découvrir qu’il aime les garçons suite à un incident fâcheux), trop couvé par sa mère chez qui il vit encore (Kim Cattrall), il va progressivement s’émanciper.
Le personnage est l’occasion de montrer le quotidien et le parcours sentimental d’un jeune gay handicapé. Queer as Folk prend le temps de joliment développer sa trame. La culpabilité ressentie vis-à-vis de ses parents qui après sa naissance ont eu un autre enfant, adopté cette fois. La sexualité vécue de façon clandestine. Le sentiment d’être trop souvent infantilisé.
Petit à petit la personnalité et le charme de Julian vont se révéler, jusqu’à toucher en plein coeur le bogosse Noah. Et cela donne lieu à la relation la plus craquante de cette première saison avec de belles scènes d’amour qui cassent les clichés.
MINGUS joué par Fin Argus
Il est le Justin nouvelle génération. Mingus, 17 ans, s’amourache lors d’une soirée gay du plus âgé Brodie. Mais les choses ne vont pas bien tourner du tout. Bien moins tête à claque que le Justin original, Mingus se révèle beaucoup plus sensible et vulnérable. Il est le miroir d’une jeune génération plus libre avec la notion de genre. Il se maquille, met des jupes, est passionné par l’art du drag. Grâce à lui on assiste à une succession de looks vraiment cool.
C’est peu dire que Mingus fait des débuts traumatisants dans le milieu gay puisque dès sa première sortie en boite et sa première performance en public en drag queen il se retrouve au milieu d’une fusillade traumatisante. Suite à ce choc, il espère trouver du réconfort dans les bras de Brodie qu’il voit comme son sauveur et sur lequel il fantasme beaucoup. Mais ses sentiments n’ont pas l’air d’être réciproques…
Outre ses premiers émois, ce qui fait le charme de l’intrigue de Mingus cette saison c’est sa relation fusionnelle avec sa maman, une mère célibataire ultra aimante et anticonformiste (jouée par la géniale Juliette Lewis).
JUDY jouée par Juliette Lewis
On attendait forcément au moins un personnage de mère forte dans ce nouveau Queer as Folk. Pas facile de succéder à Sharon Gless dans le rôle de Debbie Novotny. Juliette Lewis semble en être l’héritière toute désignée (son look un peu destroy, sa personnalité un peu sans gêne, le fait qu’elle travaille comme serveuse dans un bar).
L’actrice, sous les traits de Judy, incarne un peu la mère que chaque gay rêverait d’avoir. Une maman hyper attentionnée et aimante, ouverte d’esprit, moderne, cool. Sa scène finale avec Mingus met les larmes aux yeux.
BRENDA jouée par Kim Cattrall
Kim Cattrall n’a pas souhaité participé au comeback de Sex and the City et a préféré le reboot de Queer as Folk. Elle trouve sous les traits de Brenda un rôle à contre-emploi, à mille lieux de l’hyper sexualisée Samantha.
Maman embourgeoisée de Brodie et Jason, qu’on sent un peu coincée, Brenda va se lier d’amitié avec Shar, la femme de Ruthie et dont elle considère l’enfant comme son petit fils (Brodie ayant été le géniteur). En fin de saison elle va décider, de façon assez drôle et camp, de donner un coup de pied dans sa vie et de prendre un nouveau départ.
Semblant un peu sur la réserve dans un premier temps, Kim Cattrall finit par imposer sa touche iconique.
SHAR joué.e par CG
C’est un peu le personnage le plus taiseux et nébuleux du cast. Il n’est pas évident de deviner ce qui se passe dans la tête de Shar. On pourrait dire que c’est une nouvelle version de Mélanie : dans son couple avec Ruthie, Shar semble mener la barque et on devine un fort caractère.
Quelque chose semble cependant gronder à l’intérieur et son couple ne semble pas aussi serein qu’il en a l’air. Une saison 2 ne serait pas de trop pour en apprendre plus à son sujet.
MARVIN joué par Eric Graise
Second personnage handicapé du cast, Marvin pourrait constituer la nouvelle version du personnage d’Emmett. Exubérant, forte personnalité, militant aussi, il amène une vision plus « fierce » pour un personnage gay vivant avec un handicap. Là où Jason est plutôt délicat et introverti, Marvin est nettement plus rentre dedans, parfois cynique et s’amuse à jouer des réactions que les gens peuvent avoir vis à vis des personnes en fauteuil roulant. C’est grâce à ce personnage que nous assistons notamment à une sex party où les handicapés sont à l’honneur.
S’étant armé d’une certaine carapace et se cachant derrière ses répliques acides, le personnage cache une vulnérabilité qui s’esquisse au contact du bogosse Ali (Sachin Bhatt).
LAVEAU CONTRAIRE jouée par Laveau Contraire
La drag queen joue son propre rôle dans la série. Un personnage un peu plus périphérique que les autres mais qui marque par son caractère iconique. Pas forcément très présente, Laveau Contraire crève toutefois l’écran à chaque apparition et va se révéler être un soutien et un repère pour le jeune Mingus. Un des personnages qu’on aimerait voir plus développé si de nouveaux épisodes étaient en prévision.
DADDIUS joué par Chris Renfro
Personnage sacrifié dans le pilote, Daddius hante les autres protagonistes au fil de la saison. Un party boy très sexy et sans attache foudroyé en plein vol. On aurait aimé le voir davantage, l’acteur Chris Renfro étant très charismatique, mais le scénario en a décidé autrement.
Voilà pour les personnages principaux de ce Queer as Folk 2022, notons aussi l’apparition dans un épisode du magnifique Nyle DiMarco.